Ahmed Gaïd Salah avait essayé de mettre au défi les manifestants en interdisant les "drapeaux autres que l'emblème national". Il vient d'avoir une cinglante réponse de la part des milliers de contestataires sortis brandir le tricolore amazigh en guise de défi.
"La manifestation a été marquée par plusieurs interpellations qui ont visé, particulièrement, des marcheurs munis de drapeaux amazighs", écrivent nos confères d'Elwatan qui, comme d'habitude, ne sont pas avares en détails. Selon eux, les manifestants scandaient: «Arabe, Kabyle, Chaoui, Mozabite, Targui …, nous sommes tous frères, non à la division». Ils brandissaient également des pancartes avec des messages adressés au vice-ministre de la Défense: «le temps où vous imposiez les présidents est révolu» et «notre identité est le roc sur lequel votre arrogance se brisera».
Sur le site d'information Liberté Algérie, on décrit les mêmes scènes d'arrestations ou de violences policières, tout en constatant que le mouvement s'est davantage resserré. "C’est ainsi que les agents de l’ordre ont tapé les manifestants à coups de poings et les ont bousculés, avant d’user de bombes lacrymogènes, pour tenter ainsi de les disperser", peut-on lire.
"Peine perdue, puisque la détermination des manifestants a fini par prendre le dessus. D’ailleurs, le drapeau berbère a été brandi à plusieurs reprises pendant que la foule scandait à l'unisson «kbayli 3arbi khawa khawa, Gaïd Salah m3a el khawana (Kabyles et Arabes sont des frères, Gaïd Salah est avec les traîtres)»", ajoute le site.
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"En provoquant le tsunami humain aujourd'hui en Algérie, Gaid Salah a probablement remobilisé les Algériens et a rendu solide la revendication de dégagisme à son encontre. La réponse est claire: Ma tbedlouch sujet, tetnahaw ga3", écrit le Journal d'El Mouradia qui est sans doute un compte prodigue en références au siège de la présidence algérienne.
"On est tous des Imazighen, aujourd'hui. La réponse cinglante de l'Algérie (à Ahmed Gaïd Salah, Ndlr)", écrit ce tweeteur, Houcine Minh. Il accompagne sa publication d'une éloquente vidéo où les manifestants proclament tous leur amazighité.
A Tizi Ouzou, par exemple, en plein coeur de la Kabylie, le drapeau symbole de l'amazighité de l'Algérie a été beaucoup plus visible que le vert, blanc et rouge algérien.
Sur les réseaux sociaux, c'est également le même son de cloche. "Gaïd Salah, les drapeaux algériens, omniprésents dans les manifestations qui agitent l'Algérie, longtemps ignorées voire réprimées par les autorités, sont un sujet extrêmement sensible en Algérie. Pas de régionalisme, tous frères !", écrit un certain Mustang sur Twitter, avant de conclure avec "Gaïd Salah, dégage!"