Cette semaine, Ahmed Gaïd Salah a posé de nouveaux actes qui démontrent qu'il a fini d'installer une vraie dictature dans le pays.
D'abord, c'est une réunion de la Convention des forces du pacte de l'Alternance démocratique, prévue aujourd'hui, mercredi 28 août, qui a été annulée, faute d'une autorisation de la Wilaya d'Alger.
Ce mouvement, dit de "l'Alternance démocratique" regroupe plusieurs formations issues de la gauche algérienne, dont le Front des forces socialistes (FFS), le Parti du Travail (PT) et la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH).
Dans un communiqué diffusé hier, mardi, l'Alternance démocratique informe "l’opinion publique que les autorités viennent de [leur] notifier ce jour du mardi 27 août 2019 à 16h du refus non motivé pour la tenue de la convention nationale des forces de l’alternative démocratique prévue initialement le 31 août 2019, avancée pour le 28, pour indisponibilité de la salle".
Ensuite, un mouvement, issu cette fois de la société civile, l'association Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) très impliquée dans le mouvement de contestation, a vu son université d'été annulée par la wilaya de Béjaïa.
RAJ avait prévu trois jours de rencontres au tout début du mois de septembre à venir. C'est la première fois depuis 2012 qu'elle ne pourra pas tenir cette fameuse université d'été.
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Selon un site d'information proche de l'aile opposée à Ahmed Gaïd Salah au sein de l'armée, de folles rumeurs courent depuis quelques temps, faisant état de l'arrestation imminente de Karim Tabou, ex-secrétaire général du Front des forces socialistes (FFS) et qui se trouve à la pointe de la contestation.
Par tous ces actes, Ahmed Gaïd Salah montre qu'il est prêt à tout pour conserver le pouvoir, soit en maintenant la situation actuelle, aussi longtemps que possible, soit en usant de subterfuges pour organiser une présidentielle qui lui permettra de faire élire un candidat à sa solde.
Evidemment, le chef d'état-major de l'armée sait bien que les Algériens ne le laisseront pas faire, comme l'ont d'ailleurs démontré hier les étudiants, qui ont clairement appelé à son départ lors de leur manifestation, dont le mardi est le jour consacré depuis février dernier.
Ahmed Gaïd Salah sait également pertinemment qu'il pourrait bien mettre l'Algérie sens dessus-dessous, mais aveuglé par le pouvoir, il n'en a cure.
Voilà bientôt 28 vendredis, depuis le fameux 22 février, jour de la première grande manifestation populaire, que la contestation des Algériens s'est installée dans les rues d'Alger, mais aussi de Constantine, d'Oran, de Béjaïa et de toutes les villes algériennes.
Une contestation qui a eu le mérite de faire chuter Abdelaziz Bouteflika et une bonne partie des fidèles caciques qui l'entouraient.
Sauf que le pouvoir arraché par la rue est en train de lui être soutiré par cet inattendu larron, qu'est Ahmed Gaïd Salah.
L'opportunité était trop belle pour un général de corps d'armée, vice-ministre de la Défence, chef d'état-major général de l'Armée nationale populaire, qui s'était, par le passé, souvent rêvé dans une stature de chef d'Etat.
A coup de grands discours staliniens, au fil des mardis, lors de ses innombrables revue de troupes dans les régions militaires, Ahmed Gaïd Salah asseoit ainsi, progressivement, sa mainmise sur l'Algérie.
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Sa démarche a également inclus, et ce, dès les débuts, une vaste purge et un musèlement des voix discordantes.
La purge concerne d'abord ses ex-compagnons auprès du Abdelaziz Bouteflika, qui pourraient compromettre la réalisation de ses ambitions d'acaparement du pouvoir. Ceux-là, peut-être plus légitimes que lui dans l'exercie illégal d'un pouvoir politique, ont soigneusement été jetés en prison.
Les autres, tous les autres, qu'il sait à sa merci, sont laissés libres et ont vu leurs privilèges renforcés.
Le chef d'état-major de l'armée algérienne s'est également débarrassé de tous ceux qui, financièrement, étaient capables de lui barrer la route.
Il s'agit essentiellement des amis de ses ex-compagnons, qui n'ont eu de cesse de bénéficier des largesses du pouvoir sous le mandats successifs de Abdelaziz Bouteflika. Il convient toutefois de souligner que parmi ces victimes, figure au moins une personne qui n'était pas en odeur de sainteté auprès de l'ex-pouvoir déchu: il s'agit du milliardaire Issab Rebrab.
Enfin, la dernière cible de Ahmed Gaïd Salah concerne l'opposition, la presse, et tous les leaders d'opinion qui pouvaient contrarier ses plans visant à s'ériger en maître absolu de l'Algérie.
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Cependant, l'ensemble de cette démarche machiavélique ne lui a pas permis de faire taire la véritable opposition que constitue la contestation populaire.
Les Algériens ont su braver le Ramadan, supporter la chaleur estivale et continuent, aujourd'hui encore, d'être, par leurs importants effectifs à travers toutes les régions du pays, une masse critique suffisamment importante pour perturber le sommeil du général.
Chaque semaine, ce sont ainsi au moins 15.000 à 20.000 manifestants qui affrontent les forces de l'ordre autour de la Grande Poste d'Alger, place Maurice-Audin. Devant cette foule qui le défie hebdomadairement, le général de corps d'armée dort-il vraiment sur ses deux oreilles?