Algérie: l'Ambassadeur de la Russie dément s'ingérer dans les affaires intérieures algériennes

L’ambassadeur russe à Alger, Igor Beliaev

L’ambassadeur russe à Alger, Igor Beliaev. DR

Le 02/09/2019 à 13h23, mis à jour le 02/09/2019 à 13h25

A cause des propos que lui attribue Mohamed Djamaï, secrétaire général du Front de libération nationale, le parti au pouvoir depuis l'indépendance, l'ambassadeur de Russie a été accusé d'ingérence dans les affaires intérieures du pays. L'intéressé dément catégoriquement.

Depuis quelques jours, Igor Beliaev, ambassadeur de Russie à Alger, est au centre d’une controverse. Il accusé de faire de s'immiscer dans les affaires algériennes, à cause de propos qui le que le Front de libération nationale (FLN), le parti qui dirige l'Algérie depuis l'indépendance, lui avait attribués. 

Hier dimanche 1er septembre, le diplomate russe a été dans l'obligation d'organiser une conférence de presse pour démentir les allégations faisant état "d'une ingérence de Russie dans les affaires intérieures de l'Algérie", tout en clarifiant la position de neutralité de son pays. 

Il convient de rappeler que, mercredi dernier, Mohamed Djemaï, secrétaire général du FLN avait rendu public un communiqué rendant compte d'une rencontre avec l'ambassadeur de Russie. Le document prétendait que le gouvernement de Russie soutenait l'organisation "d'élections présidentielles en Algérie dans les plus brefs délais". 

Or, il s'agit-là de l'option défendue par le pouvoir algérien, notamment par le général Ahmed Gaïd Salah, qui cherche à l'imposer comme l'unique solution possible de sortie de crise.

Or, selon les partis de l'opposition, regroupés notamment à travers le pacte des forces de l'Alternance démocratique, il est hors de question d'aller vers une élection présidentielle sans certaines dispositions préalables, dont la mise en place d'une instance indépendante, la refonte de la loi électorale et la garantie qu'il n'y aura pas de fraude. 

L'ambassadeur de Russie à Alger a ainsi affirmé ne pas être en mesure de "publier les détails de ses entretiens avec les partis politiques", mais s'est étonné de l'interprétation de ses propos qu'il n'a pas entièrement niés. Ignore-t-il leur gravité ? C’est possible. Mais s’il a tenu les propos que lui attribue le FLN, il ne doit pas s’étonnant qu’on l’accuse d’ingérence.

Il est évident que la Russie, qui est un allié de longue date de l'Algérie, a intérêt à rester équidistant entre les différents protagonistes d'une crise dont l'issue reste incertaine.

Sauf qu'elle est très proche de l'armée algérienne qui est l'un de ses plus gros clients. L’essentiel des 10 milliards de dollars d’armement acheté annuellement par l’Algérie provient de la Russie. C'est ce qui explique la levée de boucliers de l'opposition qui a vu dans les propos du communiqué du FLN une manière de continuer à faire de Gaïd Salah un allié. 

En tout cas, selon lui, sa démarche s'inscrit dans une logique qui inclut tous les acteurs politiques. Il affirme avoir déjà rencontré Abderrazak Mokri et promet d'ajouter à sa liste les leaders des autres formations politiques. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 02/09/2019 à 13h23, mis à jour le 02/09/2019 à 13h25