Algérie: voici pourquoi Gaïd Salah s'est risqué à un troisième échec en voulant convoquer le corps électoral

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Le 02/09/2019 à 17h52, mis à jour le 02/09/2019 à 17h54

Les Algériens ont dit non à deux reprises à l'organisation de la présidentielle. Ce qui n'empêche pas Ahmed Gaïd Salah à tenter de leur imposer une troisième convocation du corps électoral, quitte à être désavoué à nouveau. Mais s'il se précipite, c'est qu'il y a bien des raisons.

Dans son discours de ce lundi 2 septembre, Ahmed Gaid Salah, chef d'état-major général des armées, a décrété que le corps électoral algérien allait être convoqué dès ce 15 septembre. En d'autres termes, la présidentielle devrait se tenir au plus tard le 15 décembre 2019, puisque la loi électorale prévoit la tenue du scrutin dans les 90 jours suivant la date de convocation du corps électoral. 

Il s'agit pour le général de corps d'armée d'aller et de s'engager dans une course contre la montre afin de couper l'herbe sous le pied de manifestants. 



En effet, le 28e vendredi a permis de montrer que les manifestations tendent à s'intensifier à la faveur de la rentrée universitaire, sociale et politique et du retour à des températures plus clémentes que celles de l'été. 

Vendredi 30 août a été l'occasion de se rendre compte que dans toutes les villes, les manifestants ont été beaucoup plus nombreux et l'ensemble de la presse algérienne en a fait le constat. 

Par ailleurs, dans les réseaux sociaux, les appels se multiplient pour inciter les Algériens à sortir de plus en plus massivement dans les rues durant les semaines à venir. Un climat identique à celui de février et de mars où de tels appels avaient fleuri sur Facebook, Twitter et Instagram est en train de s'installer. Ce qui n'a pas dû échapper aux services secrets qui sont placés sous l'autorité directe de Gaïd Salah depuis que la rue a obtenu le départ de Bouteflika. 

Par ailleurs, le dialogue qu'il veut imposer aux Algériens a, une nouvelle fois, fait chou blanc. En effet, la plupart des partis de l'opposition ont décliné l'invitation de Karim Younès de participer à l'élaboration d'une feuille de route de sortie de crise. 



C'est le cas notamment de toutes les formations réunies autour du pacte pour l'Alternance démocratique qui regroupe notamment le Front des forces socialistes (FFS), premier parti d'opposition algérienne fondé en 1963, le Parti du travail dont le leader, Louisa Hanoune, est en prison. 

On y retrouve également la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), qui est l'une des plus importantes ONG de son domaine, et cinq autres partis politiques qui disent non à Gaïd Salah et à son projet de "présidentielle dans les plus brefs délais". 

Gaïd Salah sent donc la partie lui échapper malgré la purge qu'il a menée contre les politiques, les militaires et les oligarques, en dépit de la répression contre la presse et les leaders d'opinion, et nonobstant des dizaines de discours prononcés tout au long de ces six derniers mois pour essayer de convaincre les Algériens de la nécessité de suivre la voie qu'il a choisie pour une sortie de crise. 

Cette ultime tentative d'imposer sa volonté est peut-être la dernière carte qui lui reste avant que les Algériens ne se décident, avec l'aide de l'armée comme l'a suggéré le général Khaled Nezzar ou sans la contribution de la grande muette, à l'évincer. Car, il est évident, que les manifestants qui ont refusé la présidentielle du 19 avril et celle du 4 juillet, continueront à dire non à celle que veut organiser Ahmed Gaïd Salah avant la fin de l'année. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 02/09/2019 à 17h52, mis à jour le 02/09/2019 à 17h54