Algérie: le gouvernement Bedoui bouleverse le futur des Algériens

Noureddine Bedoui, nommé Premier ministre.

Noureddine Bedoui, nommé Premier ministre.. DR

Le 21/10/2019 à 15h59, mis à jour le 21/10/2019 à 16h02

Revue de presseLe régime militaro-civil algérien balise le terrain pour le futur chef de l'Etat, qu'il se sera choisi avec une nouvelle loi sur les hydrocarbures, une réforme des retraites et des privatisations imminentes. Toutes les décisions impopulaires doivent passer en catimini avant le 12 décembre.

Du fait de plusieurs projets de loi, le gouvernement algérien est en train d'engager le pays dans des réformes aux conséquences lourdes sur plusieurs générations. Alors qu'il ne lui reste que quelques mois à peine avant de passer la main, si l'élection se passe le 12 décembre comme prévu, Abdelkader Bedoui et son cabinet sont sur le point de léguer au futur président de la République une nouvelle loi controversée sur le pétrole, une réforme des retraites qui ôtera littéralement aux Algériens le pain de la bouche, tout en préparant le terrain à la levée du tabou sur les privatisations. 

Concernant les hydrocarbures, dont dépend l'économie algérienne à plus de 60% et les exportations du pays à plus de 90%, les jeux sont presque faits. Profitant de la sortie du directeur de la Sonatrach qui réclamait d'urgentes réformes pour attirer les investissements afin de rehausser une production déclinante, Bedoui et son équipe ont dépoussiéré une loi adoptée il y a une quinzaine d'années, mais jamais appliquée grâce à une pression de l'Arabie Saoudite, du Venezuela et du Nigeria. 

En effet, cette nouvelle loi, qu'attendent les multinationales occidentales avec impatience, leur permettra de bénéficier de contrats sur des durées pouvant aller jusqu'à 35 ans, selon Abdelmajid Attar, ancien PDG de la Sonatrach. Ce dernier, estime qu'au vu des conséquences lourdes d'une telle loi, il aurait fallu attendre qu'un chef de l'Etat soit élu.

"Ce rôle est légitimement dévolu au futur président issu d'élections propres et honnêtes et au futur gouvernement désigné après ce scrutin". C'est aussi l'avis de plusieurs ex-hauts responsables algériens comme Abdelaziz Rehabi, ex-ministre de la Culture et de la communication, ou Ali Benflis, ex-Premier ministre qui ont adopté le discours de l'opposition radicale et de la rue sur ce sujet particulier. Même le Rassemblement national démocratique, parti allié du Front de libération nationale, est sorti de sa réserve avec un communiqué dénonçant ce projet de loi. 

Si les Algériens sont conscients de la gravité des dispositions contenues dans cette future loi sur les hydrocarbures, ils le sont moins avec ce qui risque de leur arriver concernant les retraites. En effet, une réforme des retraites est dans le pipe, selon la presse locale.

"Officiellement, rien n’a été annoncé, mais les propos tenus récemment par le directeur de la Caisse des retraites laissent deviner une réforme imminente", écrit le site d'information Tout sur l'Algérie.

Il aurait pris exemple sur son homologue à la tête de la Sonatrach en tirant à son tour la sonnette d'alarme. Dans la foulée, il fait des propositions détaillées de ce que devraient être les conditions de retraites. 

Il "a proposé la réduction du taux de la pension de retraite à 60% au lieu de 80% du salaire, la prise en considération des 10 dernières années de travail à la place de 5 ans dans le calcul de cette pension et d’augmenter l’âge du départ à la retraite à 65 ans".

Et c'est loin de s'arrêter là. Car le troisième dossier impopulaire est également ouvert. Le 8 octobre dernier, l'agence officielle algérienne rendait compte de la rencontre entre Abdelkader Bensalah, le président par intérim et Noureddine Bedoui, son Premier minsitre, au sujet de la session du Conseil sur les participations de l'Etat. 

Dans ce cadre, Bensalah a encouragé les membres du gouvernement à "créer des partenariats fructueux et diversifiés avec des groupes et des sociétés privées algériennes et étrangères, ce qui est à même de permettre la mise à niveau et l’augmentation du rendement économique des entreprises publiques nationales et de les faire bénéficier des expertises et nouvelles technologies". En clair, le président par intérim demande que le gouvernement accélère la cadence concernant d'éventuelles privatisations. 

La raison de l'ensemble de ces décisions concernant des mesures impopulaires est de faire en sorte que le futur président que choisira Ahmed Gaïd Salah ait les coudées franches pour dérouler tranquillement la politique du régime. 

Par Djamel Boutebour
Le 21/10/2019 à 15h59, mis à jour le 21/10/2019 à 16h02