Algérie: de très lourdes peines contre les généraux-majors Nouba et Boudouaour

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Le 31/10/2019 à 07h23, mis à jour le 01/11/2019 à 12h15

Le tribunal militaire de Blida a condamné lourdement les généraux-majors à la retraite Menad Nouba, ex-comandant de la gendarmerie nationale, et Boudjema Boudouaour, ex-directeur central des finances du ministère de la Défense. Gaïd Salah poursuit sa vengeance contre le clan Bouteflika.

La justice militaire algérienne a eu la main lourde contre les généraux-majors à la retraite Menad Nouba, ex-comandant de la gendarmerie nationale, et Boudjema Boudouaour, ex-directeur central des finances au sein du ministère de la Défense nationale.

Le tribunal militaire de Blida a condamné l’ex-patron de la gendarmerie algérienne à 15 ans de prison pour enrichissement illicite et acquisition de biens dans plusieurs wilayas du pays, notamment à Oran, Alger, Tipaza et Ghardaia.

Le général Menad Nouba a été éclaboussé par l’affaire des 701 kg de cocaïne dissimulés dans une cargaison de viande en provenance du Brésil saisis au port d’Oran, en Algérie. Il était accusé d’avoir offert la protection à Kamal LBouchi, le fameux trafiquant de drogue accusé d’être derrière cette affaire.

Du coup, en plus de la peine de prison, le tribunal a aussi décidé la confiscation de tous les biens du général-major Nouba à l’exception d’une maison familiale à Oran.

Idem pour le général-major à la retraite Boudjema Boudouaour condamné aussi à 15 ans de prison pour enrichissement illicite et qui se voit aussi confisquer de tous ses biens hormis sa maison familiale.

Les deux généraux figurent parmi les 5 généraux-majors arrêtés le 14 octobre 2018 pour «trafic d’influence», «enrichissement illicite» et «corruption», sous le régime de l’ancien président Bouteflika. Outre Nouba et Boudouaour, les trois autres généraux-majors sont Saïd Bey (ex-commandant de la 2e région militaire), Abderrazak Chérif (ex-commandant de la 4e région militaire) et Habib Chentouf (ex-commandant de la 1re région militaire).

Tous ont été arrêtés le 14 décembre 2018 avant que l’ancien président Bouteflika ne décide de les libérer 20 jours plus tard. Une décision qui avait alors été considéré comme un désaveu du camp Bouteflika vis-à-vis du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’Etat-major et vice-ministre de la Défense.

Une fois Bouteflika mis hors-jeu par le peuple, Gaïd Salah rouvre le dossier des généraux et du «Cocaïne gate» et lance sa purge contre les cinq généraux-majors et d’autres sécuritaires du régime Bouteflika.

Toutefois, si Nouba, Boudouaour et Saïd Bey ont été arrêtés et séjournent à la prison militaire de Blida, les généraux-majors Chérif Abderrazek et Habib Chentouf, partis en France pour des raisons de santé, ont échappé aux griffes de l’homme fort d’Algérie et demandé l’asile en Europe.

En plus de ces condamnations, d’autres généraux attendent d’être fixés. C’est le cas du général-major Abdelghani Hamel, ancien patron de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), lui aussi impliqué dans le dossier «Cocaïne gate» et accusé d’enrichissement illicite.

Les sorts de ces sécuritaires, ceux des anciens Premiers ministres Ouyahia et Sellal, et d’autres personnalités du Bouteflikisme qui croupissent actuellement en prison devraient être scellés avant la présidentielle du 12 décembre prochain.

Ainsi, Gaïd Salah compte prendre sa revanche complète sur le système Bouteflika dont il fait pourtant partie et pourra, si le futur président le décide, couler enfin ses jours de retraite plus tranquillement.

Enfin, rappelons que ces nouvelles condamnations interviennent après celles des généraux-majors Athmane Tartag dit «Bachir» et Mohamed Mediène dit «Toufik», condamnés avec Saïd Bouteflika, frère et conseiller de l’ancien président, à 15 ans de prison ferme.

Par Karim Zeidane
Le 31/10/2019 à 07h23, mis à jour le 01/11/2019 à 12h15