Selon la presse algérienne, les cinq généraux qui ont trempé dans l'affaire des 701 kilos de cocaïne et qui avaient fini par être incarcéré ont été remis en liberté à titre provisoire par la justice. De toute évidence, dans ce pays où le pouvoir se concentre de plus en plus entre les mains de l'entourage de celui qu'on désigne encore comme chef de l'Etat, l'ordre de leur libération ne peut provenir que de ce cercle aux ambitions lugubres.
En effet, le quotidien El Watan affirme qu'il y a eu "intervention de la Présidence", en citant des sources anonymes.
En tout cas, hier, lundi 5 novembre 2018, les cinq généraux, qui sont accusés d'«enrichissement illicite», de «trafic d’influence» et de «non-respect des consignes militaires» sont sortis de leur cellule. Ils seront donc jugés en état de liberté dans un procès dont la date n'est pas encore fixée, mais dont l'issue ne laisse plus aucun doute.
C'est le 14 octobre dernier, soit il y a un peu plus de trois semaines, que les généraux-majors Habib Chentouf, Saïd Bey et Abderrazak Chérif qui étaient à la tête des première, deuxième et cinquième régions militaires, Nouba Menad, ancien commandant de la Gendarmerie nationale et Boudjemaâ Boudouar, ancien directeur central des finances au ministère de la Défense nationale, avaient été placés sous mandat de dépôt par le juge d'instruction du tribunal militaire de Blida.
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Ces généraux avait été limogés suite à l'enquête concernant une cargaison de 701 kg de cocaïne qui avait été découverte dans le port d'Oran fin mai dernier. Il s'en était ensuivi une vaste purge qui avait totalement décimé l'armée algérienne, la police et la gendarmerie et qui avait même touché les autres corps, comme les administrateurs civils, mais également les juges et les procureurs. Les cinq généraux-majors qui viennent d'être provisoirement élargis avaient d'abord été interdits de sortis du territoire.
Cette désision de leur rendre la liberté après seulement 21 jours de détention et avant même que l'enquête ne soit bouclée, montre que l'entourage de Bouteflika continue de cautionner les pratiques clientélistes, la corruption et la mal-gouvernance.
Il s'agit aussi d'un nouveau désaveu, par l'entourage de Bouteflika, pour le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état major de l'armée algérienne et vice-ministre de la Défense.
En effet, en premier ressort, l'incarcération des généraux avait été décidée non par un juge d'instruction, mais par Gaïd Salah lui-même. En effet, en Algérie, mis à part le ministre de la Défense, seul le vice-ministre est habilité à porter plainte contre des officiers supérieurs et donc à autoriser l'ouverture d'une enquête judiciaire à leur encontre.
Et c'est aussi Ahmed Gaïd Salah qui avait avalisé la perquisition de leur domicile... Désormais, la présidence estime sans doute qu'il vaut mieux étouffer cette sombre affaire.