Algérie: voici pourquoi Gaïd Salah blinde à vie les magistrats militaires

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Le 17/08/2019 à 16h00

Les magistrats militaires algériens bénéficient désormais d’une protection à vie. La décision, derrière laquelle on voit clairement la main de Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d’état-major, d'assurer une protection à ce corps n'est pas fortuite. Explications.

Le président par intérim Abdelkader Bensalah vient de décréter une série de mesures visant à assurer des protections aux magistrats militaires algériens. Ainsi, le nouveau statut particulier des magistrats militaires offre une protection à vie à ce corps.

Ce nouveau statut stipule que «le magistrat militaire bénéficie de la protection de l’Etat contre toute forme de pression ou d’intervention de nature à influer sur son impartialité et/ou à attenter à son indépendance». Mieux encore, il stipule que le magistrat militaire n’est reconnu responsable que pour les erreurs personnelles. Il n’est pas responsables des erreurs liées à l’exercice de la profession, sauf si l’Etat intente une action afférente à ces erreurs».

Par ailleurs, la nouvelle mouture du statut particulier du magistrat militaire énonce que «le magistrat militaire bénéficie de la protection de l’Etat contre les menaces, outrages, injures, diffamations ou attaques de quelque nature que ce soit dont il peut faire l’objet à l’occasion ou en raison de l’exercice de ses fonctions, même après sa mise à la retraite».

Ainsi, désormais, les magistrats militaires algériens sont blindés par leur nouveau statut qui leur accorde une protection à vie.

Derrière cette protection il y a bien évidemment la main du vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée algérien Ahmed Gaïd Salah, le véritable homme fort de l’Algérie dont le président par intérim n’est qu’une de ses marionnettes.

Le timing de la mise en place de ces mesures n’est pas anodin. Il intervient à un moment où l’on s’apprête à juger au niveau du tribunal militaire un certain nombre de hauts gradés dont des généraux-majors et d’importantes personnalités faisant l’objet de graves accusations.

Il s’agit notamment de Saïd Bouteflika, frère et conseiller de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, et des généraux Toufik Mediène et Athmane Tartag dit Bachir, accusés d’«atteinte à l’autorité de l’armée» et «complot contre l’autorité de l’Etat» et qui risquent la réclusion criminelle de 5 à 10 ans.

C’est le cas aussi des généraux à la retraite Ali Ghediri, ex-candidat à la présidentielle, et Houcine Benhadid, accusés d’«atteinte au moral de l’armée», et d’autres généraux en prison dans le cadre de la lutte contre la corruption et qui passeront tous devant la juridiction militaire.

Ce sont aussi ces magistrats qui se chargeront des dossiers des généraux en fuite et exilés en Europe et qui hantent le sommet de Gaïd Salah, dont le général de corps d’armée Khaled Nezzar, ancien ministre de la défense et chef d’état-major de l’armée algérienne, les généraux-majors Habib Chentouf et Chérif Abderrazek, deux anciens chefs de régions militaires et membres influents de l‘état-major de l’armée algérienne actuellement en fuite.

Ainsi, en jugeant ces hauts gradés et personnalités de premiers rangs, les magistrats militaires seront tranquillisés par le bouclier de protection à vie taillé sur mesure pour eux par Gaïd Salah.

Le jugement des hauts gradés et de certaines personnalités de "La bande" peut désormais commencer.

Par Karim Zeidane
Le 17/08/2019 à 16h00