Algérie: pour stopper leur grève, Gaid Salah a graissé la patte aux magistrats

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Le 07/11/2019 à 08h59, mis à jour le 07/11/2019 à 09h05

L’accord signé hier mardi 5 novembre entre le Syndicat national des magistrats (SNM) et le ministère de la Justice intervient après que le pouvoir algérien a lâché du mou. Augmentation de salaire, prime et autres avantages, le pouvoir militaire a tout fait pour stopper la grève des magistrats.

Un accord a été conclu entre le Syndicat national des magistrats (SNM) et le ministère de la Justice. Signé ce mardi 5 novembre, il se trouve que l’accord contient bien des dessous.

En effet, le pouvoir algérien a octroyé aux magistrats une augmentation salariale de 20%, et ce dès le mois de décembre prochain. D’après la presse algérienne qui cite des sources au ministère de la justice, cette augmentation sera calculée selon le degré d’ancienneté de chaque magistrat. Aussi, elle aura un effet rétroactif à partir du mois de janvier 2019.

En d’autres termes, cette augmentation permettra aux juges ayant cumulé plus de 7 ans d’expérience, de toucher une prime dépassant les 30.000 dinars par mois. C’est avec cet argument phare que le pouvoir algérien a convaincu les magistrats grévistes de renoncer à leur mouvement de protestation qui a débuté le dimanche 27 octobre. Selon la presse algérienne, citant la même source, l’État a aussi promis de débloquer des moyens afin d’accélérer l’obtention des logements de fonction pour les juges.

Cependant, dans le document final rendu public par le Syndicat national des magistrats (SNM), il n’y a aucune allusion à ces promesses formulées dans les négociations qui ont été menées mardi pendant plusieurs heures au niveau de la Cour suprême. Le syndicat a seulement résumé les points principaux qui ont été conclus avec le ministère de la Justice en prenant soin de préciser que «ces acquis constituent le maximum qui pouvait être arraché dans la conjoncture actuelle».

Il ne fait aucun doute que le général Gaïd Salah, ne pouvant se permettre de perdre une fois de plus la face aux yeux du monde entier, a finalement endigué le mouvement contestataire des magistrats, et avec une manière qui rappelle les méthodes de l’ère Bouteflika. Il a littéralement graissé la patte aux magistrats grévistes afin qu’ils rentrent dans les rangs.

Le généralissime n’a vraisemblablement pas compris que le peuple algérien révulse tellement ces pratiques, qu’il est forcé d’investir lea rue tous les mardi et vendredi depuis 37 semaines maintenant, et ce mouvement de contestation populaire qui touche tous les recoins du pays n’est pas près de s’arrêter.

Par Karim Ben Amar
Le 07/11/2019 à 08h59, mis à jour le 07/11/2019 à 09h05