Premier président de l'Algérie à ne pas être issu des rangs des anciens combattants de la guerre d'indépendance contre le pouvoir colonial français (1954-1962), il sera privé de cette légitimité invoquée par tous ses prédécesseurs.
A 74 ans, ce toujours membre du Comité central du Front de libération nationale (FLN), l'ancien parti unique, ne représente pas pour autant, après l'octogénaire Bouteflika (82 ans), le renouveau politique et générationnel attendu par la jeunesse, dans un pays dont plus de la moitié de la population a moins de 30 ans.
Cette jeunesse est incarnée par le "Hirak", le puissant mouvement de contestation populaire du régime qui, après avoir obtenu la démission de M. Bouteflika en avril, exige désormais la fin d'un "système" en place depuis l'indépendance et dont M. Tebboune fut, au long de sa carrière, un apparatchik et un serviteur zélé.
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Pur produit du sérail, M. Tebboune a fait ses classes dans l'administration préfectorale avant d'enchaîner les postes de wali (préfet) dans les années 1980, sous le règne du parti unique. Il devient en 1991, une petite année, ministre délégué aux Collectivités locales sous la présidence du colonel Chadli Bendjedid, puis disparaît de la scène politique.
Jamais candidat à une élection jusqu'à cette présidentielle, "c'est une caricature du parfait bureaucrate", raconte à l'AFP un de ses anciens collaborateurs.
L'homme au visage barré d'une fine moustache, qui fume "même dans les endroits non-fumeurs", selon cet ancien collaborateur, n'est pas connu pour son charisme ou ses dons d'orateur.
Tout juste élu président en 1999, M. Bouteflika le fait sortir de sa "retraite anticipée" et en fait son ministre de la Communication, avant de lui confier d'autres portefeuilles jusqu'en 2002. Après dix ans de traversée du désert endurée silencieusement, il est rappelé au gouvernement en 2012 par M. Bouteflika puis obtient la consécration en mai 2017 en devenant Premier ministre.
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Il sera le plus bref Premier ministre de l'histoire algérienne, limogé au bout de moins trois mois après s'être attaqué aux oligarques gravitant dans l'entourage du chef de l'Etat, attributaires de gigantesques marchés publics et dont la plupart sont aujourd'hui emprisonnés dans des dossiers de corruption présumée.
Il a mis en avant ce fait d'armes pour faire oublier son passé au service de M. Bouteflika, mais son entourage n'est pas épargné par les affaires, puisqu'un de ses fils est en détention préventive dans une affaire de trafic d'influence impliquant plusieurs hauts responsables, après la saisie de 700 kg de cocaïne dans un port algérien en mai 2018.
Marié, il est père d'un autre garçon et de deux filles.
Réputé proche du général Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée et homme fort du pays depuis le départ de M. Bouteflika, il a fait une campagne discrète après le départ de son directeur de campagne, Abdallah Baali, pour des raisons de santé selon les médias.