Algérie: après son investiture, Tebboune promet mille choses, sauf l'essentiel

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Le 19/12/2019 à 11h40, mis à jour le 19/12/2019 à 13h59

Il ne dit rien de clair au clair qui réclame le départ définitif du régime, évite de parler de l'avenir de Gaïd Salah, mais promet aux Algériens de rendre leur vie meilleure.

Devant une assistance où l'on ne pouvait distinguer aucun jeune algérien, Abdelmadjid Tebboune, 74 ans, a prononcé son premier discours, en tant que chef de l'Etat (mal) élu. Un discours dans lequel, les remerciements ont pris une grande place, les promesses politiciennes également, comme s'il étaient encore en campagne électorale. Mais, une allocation où des solutions concrètes, qui doivent être proposées au Hirak, sont absentes.

D'abord, envers ceux qui l'ont fait roi, il a été laudateur. il a réservé la part belle à l'armée et son chef d'Etat major, Ahmed Gaïd Salah, à l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) et son président Mohamed Chorfi, aux forces de l'ordre, aux martyrs, etc.

Son insistance concernant l'Armée nationale populaire laisse penser qu'aucune initiative ne sera prise pour satisfaire l'une des demandes les plus pressantes de la rue algérienne: le départ de Ahmed Gaïd Salah, considéré comme principale source de blocage pour une réforme en profondeur du régime. Beaucoup estiment en effet que c'est lui qui a permis de maintenir les rescapés du système Bouteflika.

En tout cas, pas un seul mot concernant le système, sans doute estime-t-il que le travail a été fait. Tous ceux qui pouvaient faire de l'ombre à celui qui l'a fait président sont actuellement sous les verrous. Les autres, issus de l'anciens systèmes, sont encore là et seront comme lui, aux ordres du chef d'état-major général de l'armée.

Ensuite, le nouveau président algérien a égrené un chapelet de promesses dans tous les domaines. Une nouvelle constitution sera bientôt proposée aux Algériens, laquelle consacrera la limitation des mandats, les libertés, tout en redonnant aux institutions leur rôle, a-t-il dit.

Aux jeunes, il promet de "donner leur chance d’être élus", notamment en "finançant leur campagne électorale, afin d'éviter la corruption".

Sur le plan économique, il veut mettre en place "une économie nationale solide et diversifiée, source de prospérité sociale et consacrant la sécurité alimentaire, tout en réduisant la dépendance vis-à-vis du pétrole".

En leur promettant des avantages fiscaux, Abdelmadjid Tebboune a appelé les "hommes d’affaires et les entreprises, à investir, dans tous les secteurs et dans toutes les régions du pays". "L’Etat garantira et donnera les moyens", a-t-il insisté.

Il promet également de poursuivre la lutte contre la corruption avec plus de "fermeté dans la gestion des fonds publics".

Il veut "valoriser la production nationale" en faisant en sorte que le pays "n'importe que le nécessaire".

L'un des rares secteurs économiques qu'il a ouvertement évoqué dans son discours est celui du tourisme auquel il promet des "mécanismes de soutien", "la mise en place de vols à des prix préférentiels", etc.

L'autre secteur est naturellement celui de l'énergie ou il distingue les énergies fossiles, dans lesquelles l'Algérie doit renfocer son potentiel en Europe et partout ailleurs dans le monde, et les énergies renouvelables dans lesquelles l'investissement sera encouragé.

S'agissant des médias, il entend mettre de l'ordre dans la publicité publique qui a toujours été une arme du régime pour contraindre les organes de presse à aller dans le sens indiqué.

Sur le plan social, Tebboune promet "de fournir à chaque Algérien un toit", "d'améliorer le pouvoir d'achat", "d'exonérer fiscalement les revenus les plus faibles", et de "mettre en place un plan de prévention et de prise en charge sanitaires".

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 19/12/2019 à 11h40, mis à jour le 19/12/2019 à 13h59