Libye: la demande inédite de Serraj adressée au nouveau président algérien

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Le 20/12/2019 à 15h14, mis à jour le 20/12/2019 à 15h23

Durant toute la période de crise, Ahmed GaÏd Salah n'a cessé de montrer une proximité avec les Emirats arabes unis, l'un des principaux soutiens du maréchal KHalifa Haftar. A présent qu'un nouveau président a prêté serment, Fayyez El-Serraj veut couper à ses adversaires l'herbe sous leurs pieds.

A peine élu, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a été appelé par le chef du Gouvernement d'entente nationale (GNA) lybien, Fayyez El-Sarraj, à lui apporter son aide.

Dans un communiqué diffusé aujourd'hui, vendredi 20 décembre, le GNA appelle cinq "pays amis" à activer les accords bilatéraux de "coopération en matière de sécurité" dans le but de mettre les troupes du maréchal Khalifa Haftar hors d'état de nuire.

Outre l'Algérie, on retrouve parmi ces cinq pays, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Italie et bien sûr, la Turquie considérée comme l'un des très grands soutiens militaires du GNA.

Officiellement, le but est de "repousser l’agression de tout groupe opérant hors de la légitimité de l’État, pour maintenir la paix sociale et parvenir à la stabilité de la Libye", ajoute le communiqué du GNA, basé à Tripoli.

Néanmoins, la coïncidence de cet appel avec l'investiture de Abdelmadjid Tebboune, qui a prêté serment 24h plutôt, ne laisse aucun doute sur son vrai destinataire. En effet, si l'Algérie a toujours affiché une certaine neutralité, beaucoup estime que le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, mène un double-jeu.

Pas plus tard que le 17 décembre, le site "Algérie Part" a publié un article incendiaire contre les manoeuvres du général sous le titre : "A quoi joue le général Ahmed Gaïd Salah en Libye".

"L’Algérie aura opté officiellement pour une réconciliation pacifique et une solution politique du conflit libyen", écrit le site d'information, avant de rapporter des faits qui démontrent indibutablement l'implication du maître de l'Alger.

Le 15 décembre 2019, à 21h17 "un Boeing 747-400 Cargo de la compagnie Moldavienne Aerotranscargo, identifié ATG4424, dont l’immatriculation IATA est ER-BBJ, est arrivé de Sharjah, siège régional de la même compagnie aux Emirats Arabes Unis, pour atterrir à l'aéroport "Alger Houari Boumediene".

"Aujourd’hui (le 17 décembre, ndlr) soit après deux jours de stationnement sur le tarmac, cet avion a décollé à 8h47 de l’Aéroport d’Alger pour se rendre à l’aéroport de Misrata en Libye ou il a atterri à 11h35, pour reprendre quelques heures après la direction d’Istanbul vers 17 heures 20 heure locale !", poursuit Algérie Part.

Or Misrata est la deuxième plus grande ville de l'ouest libyen et sert de quartier général à l'armée du maréchal Haftar. De plus, tout au long de la crise algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah n'a cessé de se rapporcher des Emirats arabes unis, où il s'est d'ailleurs rendu au moins une fois, selon les médias algériens.

La proximité des EAU avec Haftar a sans doute mené le gouvernement de Tripoli à penser que, s'il ne prend pas les devants, l'Algérie risque d'officialiser son soutien pour Haftar. D'où cet appel à cinq pays amis, mais qui est clairement adressé à Abdelmadjid Tebboune.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 20/12/2019 à 15h14, mis à jour le 20/12/2019 à 15h23