Algérie: le Parlement européen condamne "l'acharnement" contre Karim Tabbou

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Le 26/03/2020 à 09h23, mis à jour le 26/03/2020 à 09h26

Le Parlement européen a condamné, jeudi, «l’acharnement judiciaire» dont est victime le militant des droits de l’homme algérien Karim Tabbou.

Dans une déclaration conjointe, la présidente de la sous-commission des droits de l’homme, Maria Arena et le président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays du Maghreb, Andrea Cozzolino estiment que la condamnation de Karim Tabbou en appel «en l'absence de ses avocats, va à l'encontre de son droit à un procès équitable dont il bénéficie en vertu du droit algérien ainsi que des conventions internationales ratifiées par l’Algérie».

Les deux présidents de ces instances du Parlement européen considèrent que « l’acharnement judiciaire dont est victime Karim Tabbou est incompréhensible et contraire à l'État de droit».

Ils rappellent dans leur déclaration conjointe que ce leader du Hirak algérien «devrait sortir de la prison de Koléa ce jeudi 26 mars, après avoir purgé sa peine, et ce conformément au verdict du tribunal du 11 mars 2020 ».

«Alors que nous souffrons tous de la crise sanitaire mondiale, nous appelons les nouvelles autorités algériennes à prendre toute la mesure qu'une telle décision pourrait avoir sur l'intégrité physique de M. Tabbou et sur celle de l'ensemble des détenus du Hirak ainsi que les risques sérieux en matière de santé publique", ajoutent-ils.

Karim Tabbou, chef du parti de l'Union Démocratique et Sociale (UDS/non-agréé) et figure de proue du hirak algérien, a été condamné mardi en appel à un an de prison ferme.

M. Tabbou avait été condamné en première instance par le tribunal de Sidi Mhamed d'Alger à un an de prison dont six mois ferme et à une amende de 50000 dinars.

En détention provisoire depuis septembre dernier, le chef de l’UDS était poursuivi pour plusieurs chefs d’inculpation, dont atteinte au moral de l’armée, atteinte à l’unité du territoire national, incitation à attroupement après son appel avec d’autres personnalités à manifester le 5 juillet dernier et des publications sur Facebook.

Placé en détention une première fois le 12 septembre après avoir été inculpé "d'atteinte au moral de l'armée" par un tribunal de Tipaza, à l'ouest d'Alger, Karim Tabbou avait été remis en liberté le 25 septembre. Arrêté à nouveau dès le lendemain, il avait été inculpé cette fois-ci d'"incitation à la violence" et a été une nouvelle fois incarcéré.

Le militant devait sortir de prison jeudi après avoir purgé sa peine mais le procureur a interjeté appel à une date non précisée.

"L'affaire n'était pas programmée jusqu'à hier. On a été prévenu ce matin. On est venu en courant", a affirmé l’avocat Me Amine Sidhom.

Pour sa part, le vice-président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, Saïd Salhi, a déclaré : "On est abasourdi par ce qui arrive, pas seulement à Karim Tabbou mais à la justice algérienne. Cela dépasse l'entendement. On est choqué".

Avant de fonder l'UDS, M. Tabbou avait été de 2007 à 2011 premier Secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), plus ancien parti d'opposition d'Algérie.

Selon des organisations de défense des droits humains, plusieurs dizaines de personnes restent en détention dans le cadre du mouvement de contestation qui secoue l’Algérie depuis le 22 février 2019.

Par Le360 Afrique (avec MAP)
Le 26/03/2020 à 09h23, mis à jour le 26/03/2020 à 09h26