Ce mardi 19 mai, trois opposants algériens ont été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement à la suite de publications sur Facebook, selon une association algérienne de soutien aux détenus et Amnesty International.
"L'activiste Soheib Debaghi condamné à un an de prison ferme" à Alger pour "incitation à attroupement, outrage à corps constitué et publications Facebook pouvant porter atteinte à l'intérêt national", a indiqué le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook.
Deux autres militants du mouvement ("Hirak") de protestation antirégime, Larbi Tahar et Boussif Mohamed Boudiaf, ont écopé de 18 mois de prison ferme, également pour des publications sur Facebook, selon Amnesty Algérie.
La peine a été prononcée par un tribunal de la wilaya (préfecture) d'El Bayadh, au sud-ouest d'Alger, lors d'une audience par visioconférence.Le procureur avait requis 3 ans de prison ferme, selon le CNLD.
Lire aussi : Algérie: Amnesty réclame la libération du journaliste Khaled Drareni
Selon leur avocat, Abdelghani Badi, Larbi Tahar était accusé d'"outrage au président de la République" pour des posts dans lesquels il qualifiait Abdelmadjid Tebboune de "président illégitime".
Quant à Boussif Mohamed Boudiaf, il a dénoncé "l'injustice" du système judiciaire à travers ses publications, a précisé l'avocat sur son compte Facebook.
Les trois militants condamnés sont en détention.
Malgré la pandémie de Covid-19 qui a contraint le "Hirak" à suspendre ses manifestations depuis mi-mars, la répression continue de cibler les opposants, journalistes et médias indépendants ainsi que des jeunes internautes.
Lire aussi : Algérie: Tebboune profite du Covid-19 pour installer une nouvelle ère de répression
Depuis le début du mouvement de contestation le 22 février 2019, des "hirakistes" sont régulièrement poursuivis pour leurs publications sur les réseaux sociaux.
Un militant de 25 ans, Walid Kechida, est en détention depuis le 27 avril pour avoir publié des mèmes, images virales comiques ou satiriques détournées sur les réseaux sociaux, moquant les autorités et la religion.
Kechida est accusé d'"outrage à corps constitué", d'"offense au président de la République" et d'"offense aux préceptes de l'islam", et risque jusqu'à cinq ans de prison.
Nombre de "hirakistes" et d'analystes craignent que le pouvoir ne profite de la maladie Covid-19 pour tenter d'enterrer une bonne fois pour toutes le mouvement populaire qui l'a ébranlé pendant un an.