Diplomatie. La France réagit au rappel de l'ambassadeur algérien à Paris

Alger a été particulièrement irritée par la diffusion d'un reportage sur le Hirak.

Alger a été particulièrement irritée par la diffusion d'un reportage sur le Hirak. . DR

Le 29/05/2020 à 11h46, mis à jour le 30/05/2020 à 17h00

Après le rappel immédiat par Alger de son ambassadeur à Paris, les autorités françaises ont enfin répondu en affirmant que leur pays respecte la souveraineté de l'Algérie.

Le Quai d'Orsay, siège de la diplomatie française, n'a pas tardé à réagir face à la décision d'Alger de rappeler son ambassadeur pour consultation suite à la diffusion de deux chaînes publiques de l'Hexagone d'un documentaire consacré au Hirak. 

La réaction est venue de la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll. Selon elle, "l’ensemble des médias jouissent d’une complète indépendance qui est protégée par la loi en France ".

Et d'ajouter: "Dans le cadre des relations profondes et anciennes qui existent entre nos deux pays (la France et l'Algérie, Ndlr), et auxquelles nous attachons la plus grande importance, la France respecte pleinement la souveraineté de l’Algérie".

Pour Agnès von der Mühll, c'est "sur cette base" que le Quai d'Orsay compte continuer à "travailler à l'approfondissement de la relation bilatérale".

Une réponse qui ne manque pas de clarté et qui va couper l'herbe sous le pied du régime algérien qui veut visiblement voir dans de potentiels partenaires des ennemis extérieurs fomentant des complots contre son pays. 

Le reportage diffusé par les chaînes du groupe France Télévisions montrait le quotidien des jeunes qui ont pris part au Hirak, ce vaste mouvement de protestation qui réclame depuis février 2019 le départ du régime. Il est peu probable qu'un reportage puisse changer la détermination de millions de manifestants qui ont arpenté tous les vendredis, pendant plus d'une année, les rues de différentes villes du pays. 

La réaction disproportionnée d'Alger suite à la diffusion de ce documentaire montre combien, le régime est gêné par la presse nationale comme internationale qui s'intéresse toujours à la formidable mobilisation ayant permis le départ d'Abdelaziz Bouteflika, mais dont la révolution est usurpée par les généraux et les apparatchiks. Comme le dit si bien un proverbe africain: "celui qui cache un cadavre en hauteur n'aime pas qu'on lève un peu trop les yeux". 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 29/05/2020 à 11h46, mis à jour le 30/05/2020 à 17h00