Depuis le début de la pandémie, il y a toujours eu très peu de tests RT-PCR, les seuls reconnus par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), en Algérie. Désormais, il y en plus du tout ou presque, selon le site d'information Tout sur l'Algérie qui fait témoigner des professionnels de la santé.
Le Pr Mustapha Khiati confirme la pénurie de kits de prélèvement, mais aussi et surtout de réactifs, seul moyen pour identifier le virus. "Depuis pratiquement une quinzaine de jours, l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) ne dispose plus de suffisamment de réactifs. Par conséquent, l’IPA ne peut plus en fournir autant qu'auparavant aux autres laboratoires travaillant avec lui, notamment à ceux des universités", affirme-t-il.
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Selon lui, ces établissements relais qui dépendent tous de l'Institut Pasteur d'Alger ne sont plus en mesure d'effectuer le moindre test. Il en énumère une très longue liste notamment "le Centre de recherche en biotechnologie de Constantine (CRBT, sous tutelle du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique), les laboratoires de Batna, de Béjaia et de Chlef, etc., tous alimentés par l’IPA".
Il s'agit de laboratoires ayant été autorisés officiellement à participer au dispositif de dépistage qui fait tant défaut à l'Algérie. Sauf, qu'il ne suffit pas d'une simple décision administrative. Encore faut-il que l'Etat soit en mesure de s'acquitter de ses obligations financières vis-à-vis de l'Institut Pasteur. Car, les tests RT-PCR fournis par ce dernier ne sont pas gratuits et peuvent coûter jusqu'à 80 euros, surtout en cette période de Covid-19 où la demande en kits de prélèvement et en réactifs est extrêmement forte.
Le professeur Khiati avance même un coût beaucoup plus élevé, puisqu'il parle de 12.000 dinars algériens ce qui est l'équivalent de 94 dollars par test PCR. Une somme que l'Algérie n'est plus en mesure de dépenser.
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Quoi qu'il en soit, l'Institut Pasteur d'Alger n'accepte plus de fournir les laboratoires sur sa propre trésorerie. Du coup, trois de ces laboratoires ne sont plus en mesure de réaliser les tests dans les délais requis. Il faut une quinzaine de jours avant que le résultat des tests soit connu.
Or, en deux semaines, les porteurs du virus sont déjà guéris pour la plupart, quand ils ne sont pas morts. Mais entre temps, le virus a été transmis à des centaines voir des milliers d'autres personnes. "À quoi bon de faire des tests PCR si c’est pour avoir les résultats deux semaines après? D’autant que les enquêtes épidémiologiques faites sur le terrain sont tributaires de ces résultats. Si on a un cas confirmé et qu'on déclenche une enquête épidémiologique une ou deux semaines après, on n’est pas efficace", déplore Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique.
Le site d'information Algérie Part tire également le signal d'alarme, avec des chiffres officiels à l'appui. Selon lui, "une étude réalisée sur la base d’un rapport scientifique officiel et très approfondi de l’Institut national de la santé publique (INSP)" démontre également la baisse drastique du recours au seul type de test capable d'orienter le dispositif sanitaire de manière efficace pour lutter contre la maladie.
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Les chercheurs du seul établissement habilité à donner une situation scientifique sur la pandémie estiment que, au 19 juillet, les tests RT-PCR ne représentent pas plus de 31,9% de l'ensemble des cas confirmés de Covid-19 en Algérie. Un mois, plus tôt, ce ratio était de 38,9%, ce qui montre qu'en plus d'être ridiculement bas, il ne cesse de reculer dans pratiquement toutes les régions du pays, selon l'INSP.
Aujourd'hui, de toute évidence, l'Algérie est très en retard sur le diagnostic. Ce qui veut dire que les chiffres annoncés ne correspondant plus à la situation réelle du jour. Or, au rythme où avance l'épidémie, en deux semaines, les chiffres ont au moins été multipliés par deux voire trois. Ce qui signifie que logiquement, le nombre réel de malades est de loin supérieur aux 24.800 communiqués officiellement à l'OMS et au Centre de contrôle des épidémies de l'Union africaine.
Assurément, la situation est devenue ingérable en Algérie, c'est sans doute ce qui explique que les autorités ont décidé d'abdiquer, une bonne fois pour toutes.