L’Institut national de la santé publique (INSP), une institution qui réalise des travaux d’étude et de recherches en santé publique et dont les données sont réputées sérieuses, a publié des données relatives au taux de nouvelles infections au coronavirus en Algérie.
Considéré comme l’un des rares organismes publics algériens dont les données scientifiques sur la situation de la pandémie du Covid-19 sont fiables, l'INSP a, dans son rapport officiel, souligné que «l’Algérie enregistre depuis le 28 août dernier une incidence de 101,88 cas infectés par la Covid-19 pour 100.000 habitants», selon algeriepartplus. Il s’agit d’une moyenne, sachant que ce taux varie de 92,40% pour les régions de l’Est à 114,57% pour celles du Sud.
Dans certaines wilayas, on dépasse largement la barre des 150 cas pour 100.000 habitants. C’est le cas notamment de Blida et Tindouf, dont les taux de nouvelles infections dépassent les 200, avec respectivement 240,44 et 204,08 cas pour 100.000 habitants, mais aussi d'Oran, de Annaba et de Ouargla, avec respectivement des taux de 187,15; 161,61 et 163,88 cas pour 100.000 habitants. Ces régions affichent des hausses inquiétantes du taux d’incidence.
Lire aussi : Algérie: voici les vrais chiffres de la pandémie du coronavirus
Ainsi, à titre d’illustration, pour la wilaya d’Annaba le taux d’incidence est passé de 82,23 cas pour 100 000 habitants le 5 août dernier, à 161,61 cas pour 100 000 habitants le 28 août, soit une hausse de 96,53%.
Cette hausse est valable pour de nombreuses wilayas. Il s’agit de taux jugés très élevés, sachant que le seuil d’alerte défini par les épidémiologistes est de 50 cas pour 100.000 habitants. Et à ces niveaux dans de nombreuses wilayas algériennes, on peut dire que la situation est très préoccupante.
Elle l'est d’autant plus que les statistiques annoncées par les autorités sont loin de correspondre à la réalité du terrain. Les chiffres relativement bas annoncés ces derniers jours, alors que les contagions flambent dans tout le pourtour méditerranéen à cause du relâchement des populations durant la période estivale, s’expliquent essentiellement par la faiblesse des tests réalisés à cause d’une pénurie de kits de dépistage PCR.
La chute des dépistages par les tests PCR confirmée par l’INSP explique les chiffres de contamination très bas annoncés évoqués par les autorités.
Lire aussi : Algérie. Covid-19: plus de tests PCR disponibles, une attente de 15 jours pour les résultats
D’ailleurs, l’INSP expliquait dernièrement que les données relatives aux contaminations annoncées par les autorités ne concernent que les patients dépistés par des tests PCR.
Quant aux patients diagnostiqués par des examens des scanners thoraciques, ils sont aussi nombreux que ceux dépistés par les tests PCR.
C’est dire que, selon les projections de l’INSP, le nombre de personnes contaminées au Covid-19 en Algérie serait le double de celui qui est annoncé, en combinant ces deux méthodes. Et encore, les tests réalisés par ces deux méthodes demeurent encore négligeables comparativement à la population algérienne.
Ainsi, au niveau africain, l’Algérie ne figue même pas parmi les 10 pays qui réalisent le plus de tests Covid-19 au niveau du continent alors qu’elle figure parmi les 6 pays les plus touchés par la pandémie et dans le Top 3 des pays où la pandémie a fait le plus de victimes.
Des statistiques qui sont d’ailleurs contredites par la hausse des hospitalisations liées au Covid-19. Ainsi, si on prend le cas de Annaba, alors que le pourcentage des patients hospitalisés admis en réanimation était de 4,7% en juin, celui-ci a fortement progressé pour s’établir à 6,7% en juillet avant d’atteindre 9,1% en août.
Lire aussi : Covid-19: voici le Top 10 des pays qui effectuent le plus de tests en Afrique
Malgré la sous-estimation des données, le taux de nouvelles infections au Covid-19 est beaucoup plus élevé en Algérie que celui enregistré dans de nombreux pays européens, où pourtant la pandémie connaît une nouvelle hausse inquiétante depuis quelques jours. Ainsi, alors que celui-ci s’établit à 101,88 cas infectés par le Covid-9 pour 100.000 habitants en Algérie, il ressort à 92 cas infectés pour 100.000 habitants en France, 21 cas en Allemagne, 28 cas pour la Grèce, 88 cas pour la Croatie, etc.
Seule l’Espagne dame le pion à l’Algérie avec un taux d’incidence dépassant les 221 cas contaminés pour 100.000 habitants.
Selon Algeriepartplus, «ces données démontrent clairement que l’Algérie fait encore partie des foyers les plus dangereux du coronavirus Covid-19 dans le monde». C’est dans ce contexte que les autorités algériennes ont annoncé un déconfinement dans plusieurs régions, en faisant croire à une nette baisse des contagions par le biais de manipulation des données.
Rappelons qu’officiellement, à la date du mardi 1er septembre, l’Algérie comptait 44.833 cas de Covid-19 confirmés, dont 31.493 guéris et 1.518 décès, mais pour un total de seulement 133.757 tests réalisés, selon les données de CDC Africa, organisme de l’Union africaine.