Vidéos. Algérie: le directeur de l’Institut Pasteur donne la preuve que les cas de Covid-19 sont sous-estimés

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Le 26/10/2020 à 12h10, mis à jour le 26/10/2020 à 16h56

VidéoLe directeur général de l’Institut Pasteur vient de donner la preuve que l’Algérie n'était pas transparente sur les cas de contagions au Covid-19. Interrogé le 15 septembre et le 25 octobre, par la radio algérienne Chaîne I, sur le nombre de tests réalisés, ce responsable a prouvé leur bidouillage.

C’était certes là un secret de polichinelle. Tout le monde savait déjà que l’Algérie bidouillait les chiffres de contamination quotidienne au Covid-19. D’ailleurs, le pays avait fini par suspendre ses déclarations de tests effectués quotidiennement auprès de l’OMS, pour mieux cacher l’évolution des contaminations à la maladie. 

Il était donc impossible de se faire une idée sur le nombre réel de tests effectués, et donc sur les nouveaux cas enregistrés quotidiennement dans le pays. Toutefois, les dernières sorties médiatiques de Fawzi Derrar, le directeur général de l’Institut Pasteur, apportent la preuve concrète que les autorités politique et sanitaire algériennes ont décidé de cacher la réalité des tests effectués et en conséquence le nombre réel de cas positifs enregistrés dans le pays.

Ainsi, lors d’une première sortie médiatique sur la Chaîne I de la radio algérienne, le directeur général de l’Institut Pasteur Fawzi Derrar, avait annoncé le 15 septembre dernier (sur la vidéo ci-dessous, à la minute 1'08") que le nombre de tests effectués sur le territoire algérien jusqu’à cette date était de 220.000 tests.

Un nombre insignifiant, pour un pays comme l’Algérie, qui compte plus de 44 millions d’habitants, et qui fut pendant un temps le pays le plus affecté par la pandémie du Covid-19 en Afrique.

Toutefois, un peu plus d’un mois après cette première sortie médiatique, le 25 octobre plus précisément, et sur la même chaîne, ce même responsable effectue une autre déclaration pour annoncer que le nombre de tests effectués depuis l’apparition de la pandémie s’établit encore 220.000 tests (à la minute 23'53" de la vidéo ci-dessous). En clair, si l’on en croit ce responsable majeur de l’Institut Pasteur algérien, aucun autre nouveau test de dépistage n’a été effectué depuis le 15 septembre dernier.

Il s’agit là d’une preuve flagrante que les responsables politiques et sanitaires algériens ont décidé de ne pas dire la vérité sur les chiffres des contaminations, et ce, d’autant que le directeur général de l’Institut Pasteur lui-même déclare que les tests RT-PCR restaient à même de révéler, de façon fiable, l’état des contaminations.

Au-delà de ce bidouillage manifeste des estimations chiffrées des tests effectués dans le pays, le nombre de tests annoncé reste de toutes façons très faible, comparativement à ceux effectués dans d’autres pays de la région, touchés par la pandémie du Covid-19.

A titre de comparaison, l’Afrique du Sud et le Maroc, les deux pays ayant effectué le plus grand nombre de tests en Afrique, ont réalisé respectivement 4,7 millions et 3,2 millions de tests.

L’Ethiopie est le troisième pays africain ayant le plus testé sa population, avec 1,44 million de tests effectués. La Libye et la Tunisie ont effectué respectivement 312.818 et 318.592 tests, donc bien plus que ce que veut annoncer leur voisin à l'ouest. 

A force de vouloir cacher la réalité, les autorités algériennes se sont retrouvées empêtrées dans des chiffres en total déphasage avec la réalité qui prévaut sur le terrain.

La preuve: l'inquiétude prévaut désormais au plus haut niveau de l’Etat, surtout depuis que les contaminations ont touché le sommet de l’Etat, dont des membres du palais présidentiel d'El Mouradia, où le président Abdelmadjid Tebboune et ses proches collaborateurs ont été mis en quarantaine.

Les sorties médiatiques du Premier ministre Abdelaziz Djerad, du ministre de la Santé et du directeur de l’Institut Pasteur depuis l’annonce des cas de contamination au sein même d'El Mouradia, annonçant que la situation était inquiétante, illustre d'ailleurs bien l’irresponsabilité de ces dirigeants, qui ont fait croire aux Algériens que la situation de la pandémie était maîtrisée, contrairement à ce qui se déroule dans les autres pays du Maghreb et d'Europe, où la pandémie connaît une recrudescence depuis septembre dernier.

Les pays européens savaient toutefois que la singularité algérienne n’en était, en fait, pas une du tout. Pour preuve, malgré les annonces rassurantes des autorités algériennes sur la maîtrise de la pandémie du Covid-19, l’Algérie n’a pas réussi à réintégrer la liste européenne des pays «sûrs».

Les pays européens n’ont pas du tout été dupe devant les chiffres fabriqués par les autorités algériennes, avec de nouveaux cas quotidiens qui se situent entre 130 et 250 contaminations, depuis le début du mois d’octobre, alors que les contaminations flambent chez ses voisins maghrébin, ainsi que dans l'ensemble du continent européen, avec l’adoption de nouvelles mesures dans ces pays pour faire face à l’expansion de la pandémie.

Alors qu'aujourd'hui, le sommet de l’Etat est touché, la communication des autorités a changé. La recrudescence des cas de contamination est désormais sur toutes les lèvres. Un bouc émissaire a d'ailleurs été rapidement trouvé: les citoyens sont irresponsables, en n'ayant pas respecté l'obligations de port du masque et la nécessaire distanciation physique.

On oublie seulement qu’à force d’annoncer aux citoyens des chiffres faussés et largement trafiqués, on a fait comprendre à ceux-ci que la situation était maîtrisée et donc sans risques pour leur santé. En très clair, les vrais responsables sont en fait bel et bien ceux qui bidouillent les chiffres sur les contaminations. Et non une population qui a longtemps été bernée. 

Par Karim Zeidane
Le 26/10/2020 à 12h10, mis à jour le 26/10/2020 à 16h56