A force de nier le grave taux de contamination au Covid-19 dans le pays, les plus hautes autorités algériennes finissent par en faire les frais. Ainsi, le nouveau coronavirus est-il entré jusque dans les salons feutrés de la résidence présidentielle d’El Mouradia. Abdelamadjid Tebboune a été contraint de se mettre à l’isolement pour 5 jours, dit le communiqué officiel. Une durée décidément très courte, ne correspondant pas aux précautions d’usage qui veulent que la mise en quarantaine corresponde plutôt à la période d’incubation du virus, soit une quinzaine de jours.
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Par ailleurs, la version officielle de cette mise en "isolement volontaire" serait que plusieurs cadres de l'entourage du président ont été contaminés par la maladie.
En réalité, c’est beaucoup plus grave. Car, des sources proches de Abdelamadjid Tebboune ont affirmé au site d’information Algérie Part que le chef de l’Etat lui-même a été contaminé au Covid-19. C’est ce qui explique d’ailleurs son absence depuis une semaine de la "scène publique et politique" alors que "l’Algérie s’apprête à organiser un référendum populaire le 1er novembre prochain".
Au-delà des doutes légitimes des Algériens sur la véracité de la version servie par la présidence, cette crise sanitaire à l’intérieur même du premier cercle du pouvoir renseigne sur l’état réel de la pandémie dans le pays. Autrement, comment un pays qui se serait presque débarrassé du Covid-19, au vu des chiffres officiels, pourrait-il compter "plusieurs cadres supérieurs de la présidence de la République" infectés.
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"Si les fonctionnaires du Palais présidentiel et l’entourage du Président de la République ont été très touchés par la transmission du virus, cela signifie que l’épidémie est toujours en forte progression sur le territoire algérien", souligne Algérie Part. Logiquement, on est très loin des 250 nouveaux cas quotidiens que l’on dit avoir enregistrés samedi 24 octobre.
"Le pouvoir algérien ment et cache la vérité parce qu’il ne dispose d’aucune politique de prévention obéissant à des critères sérieux et fiables", conclut le site d’information qui ne cesse d’attirer l’attention des Algériens sur l’absence de politique de dépistage sérieuse et donc de lutte contre la pandémie.
Car, faut-il le rappeler, l’Algérie ne dépiste que les personnes présentant des symptômes du Covid-19, c’est-à-dire celles qu’il n’aurait même pas été nécessaire de diagnostiquer, tant il est évident qu’elles sont malades. Les tests RT-PCR, les seuls reconnus au niveau mondial comme fiables, ne concernent que 35,6% des diagnostiqués. Et depuis le début de la pandémie, l’Algérie n’a officiellement réalisé que 200.727 tests de ce type, selon le Centre de prévention des maladies (CDC Africa) de l’Union africaine. A titre de comparaison, il s’agit d’un nombre légèrement plus faible que celui du Sénégal qui a pourtant une population trois fois moins importante que celle de l’Algérie.
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Quoi qu’il en soit, si Abdelmadjid Tebboune est entouré des meilleurs médecins du pays, et a accès aux équipements médicaux de pointe, les 44 millions d’Algériens n’ont malheureusement pas cette chance.