L'Algérie au bord de l'asphyxie financière, les décaissements gelés jusqu'à nouvel ordre

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Le 21/11/2020 à 17h43, mis à jour le 21/11/2020 à 17h46

Le chef du gouvernement algérien Abdelaziz Djerad vient de décider le gel des crédits budgétaires de plusieurs programmes essentiels pour le fonctionnement des 1.451 communes du pays et qui avaient un important rôle de redistribution.

Paralysie. Voilà le mot qui définit le mieux l'Algérie aussi bien sur le plan politique que financier. Le sort a voulu que le président Abdelmadjid Tebboune soit cloué sur un lit d'hôpital ne pouvant ni valider le plan de réouverture des frontières, ni promulguer la nouvelle Constitution, ni présider le moindre Conseil des ministres. Voilà qui est la parfaite manifestation de la paralysie politique.

Sur le plan financier, après le scandale du manque de liquidités, voilà que le Premier ministre Abdelaziz Djerad vient de décider le gel d'une partie importante du budget des communes. La révélation est faite par le site d'information Algérie Part qui trouve "injuste et révoltant" la mesure prise par un Premier ministre obsédé par la volonté de sauver sa peau.

"Dépassé par l’ampleur de la crise financière que traverse le pays et incapable de trouver des solutions face aux pertes des ressources budgétaires provoquées par les effets désastreux de la pandémie de la Covid-19, Abdelaziz Djerad a peur de perdre son poste et de se retrouver sur un siège éjectable dans les jours à venir", écrit Algérie Part. Ainsi tant que Tebboune reste cloué en Allemagne, plus question de décaisser le moindre dinar sur certains projets.

Document à l'appui, le site internet révèle en effet que Djerad a décidé le "gel inédit des actions du gouvernement". Son objectif serait de se protéger contre "d'éventuelles futures poursuites judiciaires et pénales qui seront enclenchées pour leur [les membres du gouvernement] demander des comptes à la suite du bilan chaotique de leur gouvernance".

Le gel concerne "les programmes de financements des projets prévus dans le cadre des Programmes sectoriels déconcentrés (PSD) ou dans le cadre des Programmes relevant des plans communaux de développement (PCD)". Le problème, c'est que "ces programmes touchent directement le quotidien des Algériennes et des Algériens", regrette le site d'information.

Concrètement, les subventions destinées aux 1.451 communes que compte le pays ont un "impact majeur sur le quotidien des 44 millions d'Algériens", analyse la même source. 

L'année dernière, les données officielles faisaient état de quelque 3,8 milliards d'euros, soit environ 591 milliards de dinars, débloqués dans le cadre de ces programmes qui viennent d'être gelés par le chef du gouvernement algérien.

En tout cas, depuis le 18 novembre, les walis algériens n'ont plus le droit de délivrer des ordres de service (ODS) qui permettent aux entreprises de travaux publics de démarrer les chantiers.

Au-delà de sa volonté de se prémunir contre une purge inévitable si Tebboune ne se relève pas, il y a lieu de noter que la décision d'Abdelaziz Djerad s'explique aussi par la situation financière dans laquelle se trouve déjà le pays. Les caisses sont vides à cause de la chute vertigineuse des cours du baril de pétrole dont les recettes publiques dépendent à hauteur de 65% et qui conditionnent les entrées de devises du pays pour 95%.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 21/11/2020 à 17h43, mis à jour le 21/11/2020 à 17h46