Sabri Boukadoum était dans l’embarras, ce mercredi 2 décembre, devant ses pairs de l’Union africaine. A plusieurs reprises sa connexion s’est interrompue lors de son intervention en visioconférence de la 21e session extraordinaire du Conseil exécutif rassemblant les ministres des Affaires étrangères des Etats membres, a appris le360Afrique, de sources bien informées. Il s’est déconnecté, une première fois, puis une deuxième, et encore une nouvelle fois agaçant ses homologues. La Cheffe de la diplomatie sud-africaine, Maite Nkoana-Mashabane, qui présidait le Conseil, a perdu patience au point de demander à un autre ministre membre de prendre la parole, en attendant que le Ciel veuille bien remettre en ligne l’Algérien.
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La question que la plupart des ministres qui ont pris part à cette rencontre virtuelle se sont posée est celle de savoir comment un pays, qui se déclare puissance régionale, voire continentale, peut-il se permettre d’avoir encore cette qualité de connexion internet digne du siècle dernier.
Cependant, ni Speedtest ni CeoWorld, références incontestées dans l’évaluation de la qualité de connexion internet, ne seront surpris par la prestation algérienne.
Il suffit simplement de voir leurs récents classements internationaux pour se faire une idée du piètre état du réseau internet algérien. Ainsi, en décembre 2019 Speedtest Global Index, site spécialisé dans l’analyse du mobile et du fixe, avait classé l’Algérie parmi les 5 pires connexions Internet du monde.
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Le pays d’Afrique du nord, autoproclamé puissance régionale, était au 138e rang mondial sur 139 pays en matière de connexion mobile, là où Maroc et la Tunisie occupaient respectivement les 56e et 72e places avec 33,04 Mégabits par seconde (mbps) et 25,04 mbps de vitesse de connexion.
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En ce qui concerne le réseau fixe, l’Algérie s’était alors positionnée au 173e rang mondial sur 176 pays avec une vitesse de connexion de 3,99 mbps, ne devançant que trois pays, en l’occurrence le Vanuatu (3,87 mbps), le Venezuela (3,64 mbps) et le Turkménistan (2,06 mpbs).
Autre classement et autre triste record pour l’Algérie. Le magazine américain CeoWorld, destiné aux décideurs, a rendu publique en février dernier son étude annuelle où l’Algérie occupe la 182e place mondiale sur 207 pays et territoires, en matière de vitesse de connexion Internet, avec à peine 1,37 mbps, alors que la moyenne mondiale atteint 11 mbps. CeoWorld estime dans ce même classement que le Maroc présente une vitesse de connexion de 5,02 mbps et la Tunisie 4,64 mbps, soit trois à quatre fois plus rapide que leur voisin maghrébin.
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Les autorités algériennes n’ont, au demeurant, pas besoin qu’un classement mondial leur rappelle que le pays est en retard dans ce domaine, tant les citoyens qui le vivent au quotidien ne cessent de s'en offusquer. En août dernier, face à la colère de ses compatriotes, le président Abdelmadjid Tebboune, lui-même, a été contraint de reconnaître l’état moyenâgeux de la connexion Internet. Pour calmer les Algériens, il avait alors demandé à son ministre des Télécoms de trouver une solution dans les plus brefs délais. Sauf qu’entre août et début décembre, le délai est visiblement trop court pour permettre à Sabri Boukadoum de s’exprimer correctement devant ses pairs de l’Union africaine.