Sa petite phrase prononcée en arabe suscite beaucoup de commentaires. "Houkouma fiha ou alliha" (dans le gouvernement, il y a du bon et du mauvais), a-t-il dit avant de poursuivre avec un sourire gêné. Un lapsus? Une plaisanterie de mauvais goût? C'est selon. En tout cas, sa phrase révèle beaucoup sur l'incompétence des dirigeants algériens, à commencer par lui.
Le chef de l'Etat algérien, reconnaît ainsi l'incompétence des membres du gouvernement qu'il a lui-même nommés et qu'il peut démettre ou qu'il est supposé démettre s'il ne sont pas à la hauteur de la lourde mission qui est celle d'un ministre. Cette déclaration a été faite devant les caméras de télévisions au salon d'honheur de l'aéroport de Boufarik, juste avant de s'envoler à nouveau pour aller se faire soigner en Allemagne.
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Il y avait autour de lui du beau monde, donnant un caractère enconre plus solennelle à cet instant, pourtant cela n'a pas empêché le chef de l'Etat algérien de faire dans l'humour vaseux. En effet, ont été témoins de cette drôle de boutade le président du Sénat par intérim, Salah Goudjil, le président de l’Assemblée populaire nationale, Slimane Chenine, le président du Conseil constitutionnel, Kamel Fenniche, le premier ministre, Abdelaziz Djerad, le chef d’état-major de l’ANP, Saïd Chanegriha, et le directeur du cabinet de la présidence de la République, Noureddine Baghdad-Daïdj.
Ce n'est pas la première fois qu'il lance des pics à son propre gouvernement. "Lors de son premier conseil des ministres du 4 octobre, il a exprimé son mécontentement de la gestion de certains dossiers relatifs au développement dans les zones d’ombre, la gestion du secteur bancaire, les finances, la culture, l’agriculture, les mines…", écrit le site d'information Algérie Part.
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Les seuls qui pour le moment ont fait les frais de cette incompétence manifeste des dirigeants sont le ministre des Transports et le PDG d'Air Algérie qui ont été limogés pour avoir passé une commande de matiériels de handling, alors que le pays est à court de devises. Tous les autres, sont encore en poste, y compris le ministre de la Santé - dont la gestion sanitaire catastrophique a failli coûter la vie à Abdelmadjid Tebboune - le ministre des Finances ou encore celui de l'Industrie et tous les autres...
Il faut croire que la mauvaise gouvernance est une qualité bien partagée au sommet de l'Etat algérien. En effet, si le pays n'est pas en mesure aujourd'hui de trouver les devises nécessaires pour acheter du matériel de handling à l'étranger, la question que Tebboune devait se poser est celle de savoir à qui est réellement la faute. En effet, la pénurie de devises était prévisible du fait que le pays ne compte que sur les hydrocarbures qui assurent pratiquement 95% de ses rentrées régulières en devises. En plus d'un demi-siècle, l'économie n'a jamais réellement su s'inventer.
Après des dizaines de plans économiques et autant d'échec, l'Algérie importe pratiquement tout sans assurer ni une production agricole solide ni une industrie solide. La dernière déception concerne le plan de mise en place d'une industrie automobile mal calquée sur celui du Maroc. Le résultat a été catastrophique puisqu'au lieu de générer des rentrées de devises, il a fait l'effet inverse en en accélérant la sortie et en enrichissant des oligarques.
Et depuis l'arrivée de Tebboune, le nouveau ministre de l'Industrie cafouille concernant le démarrage réel d'une nouvelle politique pour l'industrie automobile. Non seulement, tout son programme tourne autour de cet obsédant sujet pour faire comme le voisin, mais jusqu'à présent rien de précis n'en est sorti. Pas un seul véhicule construit, pas un seul sous-traiitant automobile qui s'installe et les constructeurs se montrent très frileux devant l'instabilité qui caractérise l'Algérie.
En outre, il faut noter que cette pénurie de devises est aujourd'hui à l'origique d'une dépréciation manifeste du dinar algérien qui a perdu l'année dernière 21% de sa valeur par rapport à l'euro. Le pays fait également face à la pénurie de plusieurs produits de première nécessité, dont le lait et les médicaments, sans parler de l'inflation.
Or tout ceci montre combien les dirigeants, ceux du temps de Bouteflika et ceux de l'équipe Tebboune, se sont montrés incompétents, incapables d'anticiper l'avenir et se suffisant aux rentrées d'argents liées aux hydrocarbures. Car, depuis le début des année 2000, l'Algérie a engrengé plus de 1200 milliards de dollars de recettes d'hydrocarbures et n'en a pas fait grand-chose, sauf accroître sans cesse le volume de ses importations, lancer des projets non-industrialisant et payé des entreprises chinoises et turques pour la construction d'immeubles et d'infrastructures.