En dépit des mesures prises par le gouvernement du président Abdelmadjid Tebboune pour limiter les importations, le déficit commercial de l’Algérie s’est fortement creusé en 2020.
Ainsi, en dépit des interdictions d’importations d’un millier de produits et l’arrêt des importations de kits automobiles, d’électroménager et électroniques, de médicaments… la facture des importations s’est établie à 34,4 milliards de dollars en 2020, contre 41,93 milliards de dollars en 2019, soit une baisse de 18% (un repli de 7,53 milliards de dollars).
Par contre, les exportations ont chuté de 33% à 23,8 milliards de dollars en 2020, contre 35,5 milliards de dollars en 2019 à cause de l’effet de la chute du cours du baril de pétrole qui a impacté négativement les revenus tirés de l’export sachant que l’essentiel des exportations du pays est constitué des hydrocarbures et dérivés.
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A cause des effets de la pandémie du Covid-19 sur la demande de l’économie mondiale, les cours du baril de pétrole avaient chuté pour se situer aux alentours des 20 dollars en mars/avril 2020 avant de remonter en fin d’année autour des 50 dollars dans le sillage des annonces de vaccins contre le Covid-19. Outre l’effet prix, le volume des exportations a aussi baissé dans le sillage de la baisse de la production et des quotas d’exportation de pétrole mis en place par l’OPEP pour soutenir les cours de l’or noir. Du coup, les exportations d’hydrocarbures se sont situées à hauteur de seulement 22 milliards de dollars, soit 92,5% des recettes d’exportations.
Conséquence, le déficit commercial a atteint -10,6 milliards de dollars, contre -5,75 milliards de dollars en 2019 et 3,88 milliards de dollars en 2018.
Une situation qui prouve l’échec d’une politique accès uniquement sur la baisse de la demande via l’interdiction des importations. Des interdictions qui ont entrainé des pénuries graves de médicaments de première nécessité, de véhicules neufs, etc.
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Une situation non durable. D’ailleurs, le ministre algérien de l’Industrie a annoncé que pour 2021, les concessionnaires automobiles seront autorisés à importer des véhicules neufs pour un montant plafonné à 2 milliards de dollars dans le but de répondre à la forte demande de véhicules en Algérie. Pour mémoire, en 2020, en l’absence d’offres de véhicules montés en Algérie et l’interdiction d’importations de véhicules neufs et d’occasion, les Algériens qui ont les moyens n’ont pas pu s’offrir de véhicules à cause de la politique du gouvernement dont le seul objectif était de limiter les sorties de devises.
Et on ne pourra pas non plus laisser la pénurie des médicaments utilisés pour le traitement des maladies graves - diabète, hyper-tension, cancer, etc.- manquer durablement.
Et dans tous les cas, les réserves en devises du pays ont poursuivi leur chute inexorable en se situant sous la barre des 30 milliards de dollars. Une situation qui montre une fois de plus la nécessité pour les dirigeants algériens de diversifier leur économie et sortir du tout pétrole dont les cours évoluent de manière erratique avec une tendance baissière lourde à cause de la surproduction de l’or noir au niveau mondial depuis que les Etats-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole grâce au pétrole de schiste.
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Du coup, il urge pour l’Algérie d’adopter un nouveau modèle économique en sortant de cette dépendance du secteur des hydrocarbures qui représente, bon an mal an, 94% des recettes d’exportation, entre 50 et 60% des recettes budgétaires.
Pour cela, les dirigeants doivent avoir une feuille de route claire et surtout mettre en place des réformes structurelles douloureuses et ne pas se contenter uniquement de la dépréciation volontaire du dinar.
L’annonce d’un nouveau modèle économique par le président Abdelmadjid Tebboune en août dernier est déjà dans les oubliettes. Aucune mesure concrète n’a été mise en place pour espérer atteindre l’objectif de faire passer la dépendance aux hydrocarbures de 98% à 80% à fin 2022. Et la pandémie du Covid-19 ne peut à elle seule constituer une excuse pour les autorités. Seulement, la marge de manœuvre des dirigeants algériens est aujourd’hui amoindrie par la faiblesse des réserves de changes qui sont passées de 194 milliards de dollars en 2014 à moins de 30 milliards de dollars à fin 2020. De plus, l’entêtement des dirigeants à ne pas recourir à l’endettement extérieur, malgré le niveau bas actuellement des réserves de changes, réduit la capacité de l’Etat à faire face à une véritable relance de l’économie algérienne via une diversification du tissu industriel.