Ryad Kramdi, photographe du bureau de l'AFP à Alger, a été relâché dans la soirée après avoir été retenu pendant huit heures dans un commissariat de Bab El Oued, quartier populaire et fief du Hirak.
Repéré par des policiers en civil, il a été interpellé alors qu'il avait l'intention de couvrir la traditionnelle marche du Hirak dans ce quartier populaire après la prière du vendredi.
Il a été conduit, seul dans un fourgon, à un poste de police, où il s'est retrouvé avec des jeunes de Bab El Oued, avocats, médecins ou étudiants.
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"On a attendu jusqu'à 17h00, avant d'être transféré à la division de la police judiciaire à Alger-Centre. Vers 19h00, ils nous emmènent chez un médecin légiste pour contrôle de notre état. Tout va bien", a-t-il témoigné.
Il a ensuite été relâché dans la soirée sans la moindre explication. "Nous avons été bien traités mais c'était très très stressant", a-t-il ajouté.
Au moins une dizaine d'autres journalistes et photographes ont été arrêtés, dont Khaled Drareni, correspondant en Algérie pour la chaîne francophone TV5, Kenza Khatto, journaliste à Radio M, et un vidéaste de l'agence internationale Reuters, selon des sites d'information indépendants.
"Plusieurs journalistes ont été interpellés & empêchés de couvrir la 117e manif des vendredis du Hirak tandis que d'autres ont été molestés par les forces de l'ordre", a tweeté Reporters sans frontières (RSF).
M. Drareni était toujours en détention en fin de soirée.
Le directeur du site d'information Casbah Tribune, et correspondant en Algérie de RSF, est devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse après avoir été incarcéré pendant près d'un an.
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Certains journalistes ont été relâchés en fin d'après-midi, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association d'aide aux prisonniers d'opinion.
L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF, dégringolant de 27 places par rapport à 2015.
Le CNLD a par ailleurs fait état de nombreuses arrestations dans le pays, parmi lesquelles des figures du Hirak, des avocats et des opposants, comme le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, et l'ancienne détenue et militante du Hirak Dalila Touat.
Selon le CNLD, plus de 70 personnes sont actuellement incarcérées, poursuivies pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.