"Marche empêchée et réprimée à Alger et à Annaba, affrontements à Bouira, des arrestations dans plusieurs wilayas", préfectures algériennes, a déclaré à l'AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH).
Des rassemblements ont quand même eu lieu à Béjaïa et à Tizi Ouzou, grandes villes de Kabylie (nord-est), malgré des interpellations, a précisé Salhi.
"Selon un premier décompte en début de soirée, près de 500 personnes ont été interpellées dans une quinzaine de wilayas", en majorité à Alger, a-t-il poursuivi.
La plupart des manifestants interpellés ont été relâchés en fin de journée, et les autres placés en garde à vue. Certains seront convoqués dimanche devant la justice, où ils risquent des peines de prison ferme.
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Dans la capitale, la marche des hirakistes a de nouveau été neutralisée dès son début par un impressionnant déploiement policier, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Depuis le matin, des policiers en uniforme ou en civil avaient envahi les endroits névralgiques de la ville, bloquant les grandes artères et encerclant les mosquées d'où partent habituellement les cortèges de manifestants.
Des policiers en civil ont procédé à des contrôles d'identité des passants.
"Rues et ruelles coupées avec des véhicules de police, policiers en tenues ou en civil avec des brassards aux alentours de Bab El Oued", quartier populaire et bastion du Hirak, a témoigné Lyes, qui n'a pas voulu donner son nom de famille.
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"Pour ce 118e vendredi, +Alger la Blanche+ (surnom de la capitale, NDLR) est devenue bleu police", a ironisé ce quadragénaire, faisant référence au nombre de semaines écoulées -118- depuis la naissance du Hirak le 22 février 2019.
A la sortie de la mosquée Errahma, dans le centre ville de la capitale, des fidèles ont été incités à rejoindre en ordre leurs domiciles sans marcher au milieu de la rue.
A la fin de la prière du vendredi, une centaine de personnes ont brièvement manifesté devant la plage Rmila de Bab El Oued, profitant pendant quelques instants de l'absence des policiers, qui n'ont cependant pas tardé à les pourchasser, selon un journaliste de l'AFP.
Manifestations interdites
Reporters et photographes indépendants sont privés d'accréditation et ne peuvent pas couvrir normalement les marches du Hirak.
Deux journalistes ont été brièvement appréhendés, selon Salhi. En outre, des coupures d'internet ont entravé la couverture des médias dans certaines villes.
Le bouclage d'Alger survient au lendemain de l'ouverture de la campagne pour les élections législatives du 12 juin.
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Malgré deux échecs cinglants -la présidentielle de 2019 et le référendum constitutionnel de 2020, marqués par une abstention record-, le régime, dont l'armée est le pilier, est déterminé à imposer sa "feuille de route" électorale en dépit de son rejet par le Hirak et par l'opposition laïque et de gauche.
Pour ce faire, le ministère de l'Intérieur a décidé d'obliger les organisateurs des marches du Hirak -mouvement pacifique et sans véritable leadership- à "déclarer" au préalable les manifestations auprès des autorités, ce qui revient de facto à les interdire.
Au moins 133 personnes sont actuellement incarcérées pour des faits en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le site Algerian Detainees.
Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné en avril de la même année, le Hirak réclame un changement radical du "système" politique en place depuis l'indépendance (1962).