Mouvements sociaux tous azimuts: l'Algérie au bord de l'implosion

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Le 30/11/2016 à 14h51, mis à jour le 30/11/2016 à 15h12

Revue de presseA la Une du site d'El Watan ce mercredi 30 novembre, pas moins de quatre sujets concernent des mouvements sociaux. Les universités sont en grève, les fonctionnaires manifestent contre la réforme des retraites, les salariés du privé bloquent leurs entreprises et les pilotes ne volent plus.

Kiosque Le360 Afrique. A quelques mois des élections législatives, l’Algérie est littéralement au bord de l’implosion. Les mouvements sociaux se multiplient partout.

"En pleine période d’examens, à quelques semaines des vacances d’hiver et surtout à quelques mois des élections législatives, les étudiants des Ecoles normales supérieures, des écoles vétérinaires ou de pharmacie et de certains établissements universitaires sont entrés en grève sur l'ensemble du territoire national", informe El Watan. Le quotidien se demande s’il n’y a pas de manipulation politique derrière, tant le phénomène se répand telle une traînée de poudre. Il n’épargne aucune région du pays, d’Alger à Boumerdès, en passant par Béjaïa, Constantine ou encore Ouargla. Ironie du sort, c’est le ministre de l’Enseignement supérieur qui incitait les étudiants à faire de la politique, il y a quelques semaines seulement. Il a donc été entendu.

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Mais pour Farid Boutaba, membre du bureau national du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), les manipulations politiques n’expliquent pas tout. "Ces influences n’auraient pas eu cette ampleur s’il n’y avait pas un malaise profond". Pour lui, il y a fort à parier que la colère s’étendr dans le temps dans la mesure où elle est "le résultat de la mauvaise gestion des établissements universitaires. La gestion des flux au détriment de la qualité de l’enseignement a fait des dégâts aussi bien sur le plan pédagogique que scientifique".

"Cette intrusion du politique dans l’université est un secret de Polichinelle. Seulement en l’état actuel d’une société en ébullition, la colère des étudiants pourrait exciter d’autres craintes qui seront, elles, beaucoup plus difficiles à juguler. Alors, un siège de député vaut-il une telle prise de risque ?", s’interroge El Watan.

Le fait est que le mouvement d’humeur des étudiants n’est pas un cas isolé. Sous le titre "Plusieurs syndicalistes brutalisés et embarqués par la police à Bouira", le même quotidien traite des manifestations qui ont eu lieu aujourd’hui, mercredi 30 novembre, dans cette ville. "Les policiers ont embarqué plusieurs syndicalistes qui se sont déplacés depuis Béjaïa, Tizi Ouzou, Alger et Boumerdès. Iken Hanafi, chargé de communication au niveau du Snapap, a déclaré à El Watan que pas moins de sept personnes avaient ainsi été "emmenées par la police". Il s’agit là de la réaction que réserve le gouvernement à ce mouvement qu’il est incapable d’étouffer. La colère semble se propager après la manifestation de dimanche dernier qui a également été sévèrement réprimée.

"A Béjaïa comme à travers toutes les wilayas du pays, des syndicalistes font l’objet de pression de la part de leur tutelle, notamment dans le secteur de l’enseignement supérieur et des services communaux", attestent des membres du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap) interrogés par El Watan. Les autorités auraient recours à des pratiques d’un autre âge : dépôt de plaintes à l’encontre des syndicalistes à l’issue des mouvements de grève, défalcation sur salaire pour les fonctionnaires communaux grévistes, transferts, révocations et mutations abusives.

Au niveau des entreprises, ce n’est guère mieux. Toujours selon le même quotidien, "des dizaines de travailleurs et de syndicalistes de la Société nationale du véhicule industriel (SNVI) venus des différentes filiales du groupe à travers le pays, ont assiégé les locaux de la direction générale, hier mardi 29 novembre. Le 14 novembre dernier, le trafic aérien a été perturbé par une grève des pilotes d'Air Algérie qui revendiquaient de meilleures conditions de travail. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 30/11/2016 à 14h51, mis à jour le 30/11/2016 à 15h12