Vidéo. Algérie: les pilotes d'Air Algérie qui faisaient piloter un enfant ont été suspendus

VidéoPrendre un enfant de moins de dix ans, l'équiper avec une tenue de pilote et lui donner les commandes d'un avion, il faut oser le faire. Cela s'est passé dans un avion de la compagnie Air Algérie, mais les pilotes viennent d'être suspendus.

Le 02/08/2017 à 18h01, mis à jour le 03/08/2017 à 07h31

Cela se passe dans un vol interne entre Alger et Sétif. On est le mercredi 26 juillet et l'équipage est tout fier de présenter un enfant relativement jeune comme "le commandant de bord" devant la caméra de la chaîne de télévision El Bilad. Pour oser faire entrer une personne aussi jeune dans le cockpit, lui donner les commandes d'un avion et s'en vanter, les pilotes devaient sans doute avoir l'aval de leur hiérarchie. C'était effectivement le cas, mais les pilotes sont responsables en dernier ressort et auraient dû s'opposer à la volonté de leur direction. En tout cas, ils écopent d'une suspension, au moins le temps que toute cette histoire se tasse. 

Pourtant, le 26 juillet quand l'avion atterrit sur le tarmac de l'aéroport de Sétif, les pilotes sont tout fiers de "présenter le commandant de bord". "Il a fait le vol avec nous", disait l'un d'eux, avant d'ajouter, toujours en arabe, qu'il "a fait le décollage et l'atterrissage avec nous". Pour lui, ce jeune Algérien devrait faire, à l'avenir, "un très bon pilote". 

En réalité, c'était une opération marketing d'une association de bienfaisance qui soutient cet enfant orphelin et qui a donc obtenu la bénédiction de la compagnie. D'ailleurs, Bekhouche Allache, le PDG d'Air Algérie, fait une brève apparition dans le reportage et dit expressément que l'autorisation est venue de lui, avant de dire qu'il est "sûr qu'il fera un très bon pilote". On l'entend ensuite dire clairement qu'il ne s'agit pas d'une première pour la compagnie et que c'était de leur devoir d'accompagner de telles initiatives. 

En Algérie, cela a fait du bruit, beaucoup soulignant une légèreté face à des normes de sécurité draconiennes qui régissent l'activité de transport aérien. Certains n'ont pas hésité à rappeler qu'en 1994, un avion de la compagnie Aeroflot reliant Moscou à Hong Kong s'était écrasé. 75 personnes avaient trouvé la mort. L'enquête avait montré que le fils (15 ans) du pilote, présent dans le cockpit, avait désamorcé le pilotage automatique et contribué ainsi à causer le terrible accident. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 02/08/2017 à 18h01, mis à jour le 03/08/2017 à 07h31