Entre décembre 2014 et novembre 2018, l’Algérie a expulsé quelque 37.000 migrants nigériens, selon les données officielles communiquées par le ministère algérien de l’Intérieur. Parmi ceux-ci, figurent 1.095 femmes et enfants.
Selon les autorités algériennes, il s’agit uniquement de Nigériens qui ont été rapatriés chez eux, en vertu d’un accord signé entre les deux pays. Toutefois, la réalité est toute autre.
En effet, s’il existe bel et bien un accord de rapatriement entre l’Algérie et le Niger, Alger en profite aussi pour expulser des Subsahariens venant d’autres pays, dont des Maliens, des Sénégalais, des Nigérians, des Guinéens, etc. Une situation qui avait entraîné de vives protestations de la part des autorités nigériennes, qui s’étaient plaintes qu’Alger expulse, via leur territoire, des migrants subsahariens d’autres pays africains. Entre septembre et octobre 2017, Alger a ainsi expulsé 2.800 Nigériens et 5.000 Ouest-africains vers le Niger.
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«Bien évidemment, cela nous pose des problèmes d’accueil. Nous n’avons pas suffisamment d’installations pour les gérer. En plus, ils arrivent dans un tel dénuement que vous comprenez bien à quel point la question humanitaire est criante. Je suis surpris que ces Africains transitent par nos frontières alors que, selon moi, ils devraient tous être envoyés chez eux par des voies appropriées, plutôt que de nous être envoyés ici», avait pesté auprès de RFI, Sadou Soloké, gouverneur de la région d’Agadez, au Niger.
Au-delà de ces expulsions, il y a aussi les conditions dans lesquelles celle-ci sont faites et qui sont décriées, tant par les ONG algériennes et étrangères. En effet, les migrants raflés dans les rues et dans leurs habitats sont dépouillés de tout (argent, téléphone, etc.) et sont réunis dans des camps de fortune, dans des conditions atroces, avant d’être abandonnés par les autorités algériennes dans un no man’s land, en plein désert, à la frontière entre les deux pays.
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Avec, en journée, des températures supérieures à 45°C, et en l'absence de villages à côté de la frontière et surtout d’abris, les expulsés sont obligés de marcher plusieurs dizaines de kilomètres pour espérer être sauvés du côté nigérien. Les plus fragiles –femmes et enfants- meurent d’épuisement, de soif et de faim lors de cette traversée.
L’expulsion de ces personnes en situation de grande vulnérabilité est justifiée par cet argument selon lequel ces personnes sont exploitées par des réseaux criminels nigériens, à des fins de mendicité, pour ensuite récupérer l’argent récolté dans le but d'acheter des armes.
Cet argument ne peut être que grotesque, quand on sait que l’argent de la mendicité permet à peine à ces familles de se nourrir correctement...
En fait, les réseaux criminels en question recourent certes à la traite d'êtres humains, mais tirent l’essentiel de leurs ressources de divers trafics -carburant, drogue, enlèvements, etc.- avec la complicité des sécuritaires algériens, qui couvrent certains pontes du terrorisme sahélien.