Algérie: l'accès à Internet de nouveau bloqué

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Le 18/06/2019 à 11h48, mis à jour le 18/06/2019 à 11h52

Revue de presseLes autorités algériennes ont choisi la solution de la facilité en privant d'Internet l'ensemble du pays afin de lutter contre la fraude à l'examen du baccalauréat. L'avis de 30 millions d'internautes algériens ne compte pas.

En Algérie, alors que l'armée proposait d'utiliser ses brouilleurs d'ondes à proximité des centres d'examen, pour éviter aux candidats au baccalauréat de se livrer à la fraude, c'est finalement une méthode radicale que les autorités ont choisi.

En effet, l'accès au réseau Internet est de nouveau impossible, durant la journée, et ce, depuis dimanche dernier, date qui correspond au début des examens -les dimanches étant des jours ouvrés en Algérie.

En conséquence, les activités économiques dépendant du réseau mondial sont affectées, quand elles ne sont pas carrément à l'arrêt.

Depuis le 16 juin dernier, les Algériens ne peuvent plus effectuer d'achat par Internet, entre 8h et 17h.

Ils ont également énormément de problème à effectuer les opérations bancaires les plus courantes, comme le dépôts ou le retrait de sommes liquides.

Au niveau des services postaux, c'est, là aussi, un calvaire identique, puisque les courriers sont désormais gérés de manière électronique.

Les taxis Yassir, clone algérien des VTC Uber, sont, de même, incapables de prendre en charge des clients, car il leur est impossible de s'orienter par le réseau GPS, uniquement accessible via Internet. 

Autant de désagréments que dénonce la principale association de consommateurs algériens, l'Organisation nationale de protection des consommateurs (ONPC).

Et la situation est d'autant plus irritante pour les usagers d'Internet, que contrairement aux années précédentes, aucune communication n'en a été faite au préalable.

Dans une sortie médiatique, lundi 13 mai dernier, le ministre de l'Education nationale, Abdelhakim Belabed, avait même annoncé la possibilité de recourir à une solution sophistiquée pour éviter la fraude aux examens.

"Le ministère de la Défense a équipé l'Office national des Examens et concours de brouilleurs sophistiqués", avait-il laissé entendre. Mais apparemment, ce dispositif n'a pas fonctionné comme prévu. 

Pour le moment, tout semble bien se passer, dans ces épreuves qui se doivent se dérouler jusqu'à ce jeudi 20 juin.

Le ministère algérien de l'Education a salué l'absence de fuite des épreuves dans les réseaux sociaux.

Et comme souvent en Algérie, l'avis des autorités prime sur les intérêts des entreprises.

Les PME et auto-entrepreneurs, qui travaillent avec des donneurs d'ordre étrangers, perdent des marchés chaque année au moment du bac.

C'est le cas de Samy, technicien dans le secteur audiovisuel, qui se plaint, dans les colonnes du quotidien français Le Monde et qui déclare qu'il lui est compliqué de "travailler avec des clients européens et asiatiques qui ne peuvent pas comprendre qu'on n'a pas accès à Internet". 

Les internautes algériens doivent cependant continuer à subir cette gestion autocratique, qui prévilégie des décisions ne prenant jamais compte de l'opinion des citoyens.

Les manifestations de contestation populaire contre le système, qui durent depuis le 22 février dernier, n'ont visiblement eu aucun effet, déplore, toujours dans Le Monde, Imène, une chef d'entreprise prenant part à la Foire internationale d'Alger, qui ouvre ses portes aujourd'hui, mardi 18 juin.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 18/06/2019 à 11h48, mis à jour le 18/06/2019 à 11h52