De plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer l'insuffisance des tests réalisés pour déterminer le nombre exact de cas confirmés dans le pays. Après les critiques venant de professionnels isolés ou de simples observateurs, cette fois c'est l'institution mise en place pour combattre la pandémie qui tire le signal d'alarme.
Selon le quotidien El Watan, ce sont les membres du Conseil scientifique de suivi de la pandémie qui estiment, à propos du nombre de cas confirmés, que "le chiffre actuel ne reflète pas la réalité du terrain, qu'ils situent entre 5000 et 6000 cas de contamination". Une estimation très loin des 1921 individus testés positifs depuis le début de la pandémie, le 25 février dernier. Le journal rapporte notamment les propos de l’infectiologue et membre du Conseil scientifique du suivi et de l’évolution du Covid-19, le Dr Ilias Bey Akhamoukh.
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"Il se trouve qu’entre 15 à 20% des cas sont diagnostiqués au total", écrit El Watan, faisant référence à la mise en garde du membre Conseil algérien de riposte contre le Covid-19. C'est visiblement ce qui explique l'illusion d'un ralentissement de la courbe d'évolution de la maladie. En effet, le nombre de nouveaux cas est en baisse alors que le nombre décès recule depuis quelques jours. Le pays a enregistré 18 et 19 nouveaux cas, hier et avant-hier, contre une moyenne de 33 décès entre le 5 et le 10 avril, période pendant laquelle le nombre total de victimes est passé de 90 à 256.
Cette situation s'explique, selon le journal, par l'absence de kits de test dans le pays, mais également "à la faiblesse du taux de consultations et à l’absence d’un dépistage".
"On ne peut pas le cacher. Le problème réside justement dans le manque de kits de diagnostic. Il n’y pas de baisse du nombre de cas, c’est plutôt le nombre de cas dépistés qui a diminué", dénonce le médecin.
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Par ailleurs, il faut ajouter aux cas officiellement confirmés l'ensemble des personnes infectées, mais ne présentant pas de symptômes et qui ne se rendront jamais dans les structures de santé. C'est d'ailleus cette majorité discrète de malades qui constitue une véritable bombe. En effet, ces milliers de sujets porteurs du virus continueront malheureusement à contaminer des personnes vulnérables.
Dans un pays comme l'Algérie, dont la population est relativement jeune, on image que ces porteurs sains représentent un nombre relativement important, puisque cette maladie a ceci de particulier qu'elle affecte davantage les sujets âgés. "Il se trouve que plusieurs personnes préfèrent supporter une fièvre de 40 degrés, des courbatures et prendre du Doliprane que de se rendre à l’hôpital au risque d’être gardées et mises en quarantaine ou en isolement", signale le docteur Ilias Bey Akhamoukh.
Evidemment, selon cet expert, à côté des tests dits PCR, il est possible de procéder par imagerie à résonnance magnétique (IRM), qui est désormais reconnu comme moyen de diagnostic. Cependant, l'examen virologique reste beaucoup plus fiable et précis, d'autant qu'il permet de poser un diagnostic de manière plus précoce. Ce qui est déterminant pour la réussite d'un traitement à la chloroquine par exemple.