Algérie. Covid-19: on choisira bientôt qui sauver et qui laisser mourir, selon un spécialiste

Face au nombre limité de respirateurs artificiels et à l'explosion des cas, le choix sera difficile.

Face au nombre limité de respirateurs artificiels et à l'explosion des cas, le choix sera difficile. . DR

Le 24/07/2020 à 11h34, mis à jour le 25/07/2020 à 10h59

Face à l'explosion de la pandémie et au nombre limité de respirateurs artificiels, les médecins seront bientôt face à un choix cornélien consistant à trier entre qui sauver et qui laisser mourir.

C'est ce à quoi les médecins Italiens étaient confrontés, au plus fort niveau de la crise. Les médecins algériens arriveront bientôt à ce stade, selon un spécialiste cité par le site d'information Tout sur l'Algérie

Le Pr Amine Salmi, chef du service réanimation du CHU Mustapha à Alger, est formel: les médecins pourraient commencer à faire le choix entre les patients à hospitaliser et ceux qui seront laissés à eux-mêmes. Ce qui, en langage plus accessible, signifie qu'il faudra bientôt trier entre ceux qui méritent de vivre et ceux qui doivent mourir. 

Cette situation est imposée, selon lui, par le niveau d'épuisement des personnels soignants, mais surtout une situation pandémique devenue incontrôlable à cause de la hausse des cas. 

Il déplore le nombre de médecins, d'infirmiers et d'agents travaillant dans les hôpitaux infectés par le nouveau coronavirus et qui a atteint officiellement la barre des 3000 cas, dont une cinquantaine de décès. 

"Ce sont les conséquences du non-respect du confinement", dit-il. Et d'ajouter: "On est en face de deux situations dramatiques. Le nombre de médecins est constant, le nombre de lits est le même. On risque de transformer une situation encore gérable et basculer dans une réelle catastrophe. C’est-à-dire une situation où l’on sera obligé de faire le choix: réanimer qui et laisser qui? Ce que l’on ne souhaite pas". 

En Algérie, la gestion catastrophique de la pandémie est à l'origine d'une explosion des cas, puisque beaucoup de porteurs du virus ne peuvent être testés ou ne le sont que tardivement quand les symptômes sont apparents. Par conséquent, ils ne sont pas mis en quarantaine et contaminent un nombre très élevé de personnes, dont de plus en plus de personnes âgées à qui le Covid-19 ne pardonne pas. 

Selon ce spécialiste, actuellement l'âge moyen des personnes prises en charge est de l'ordre de 75 ans, ce qui veut dire que sans assistance respiratoire, c'est la mort assurée. Or, au rythme où vont les choses, le nombre de lits et de respirateurs artificiels sera bientôt insuffisant. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 24/07/2020 à 11h34, mis à jour le 25/07/2020 à 10h59