Les différents systèmes éducatifs du continent sont en panne, une situation qui concerne presque tous les pays.
Pourtant, les Etats consacrent une bonne partie de leur budget à l'éducation. Dans plusieurs pays, celle-ci concentre entre 25 et 35% du budget de l'Etat.
Toutefois, à peine 10% de ces budgets sont alloués aux investissements dans les infrastructures (écoles, universités, centres de formation professionnelles, etc.).
Pour Didier Acouetey, président et fondateur d’AfricSearch, structure fondée en 1996 et spécialisée dans la détection de talents et la gestion des ressources humaines pour l’Afrique, le problème fondamental de l’échec du système éducatif africain est celui du décrochage scolaire.
En effet, explique-t-il, sur 100 enfants inscrits dans une école primaire en Afrique, seuls 10% d'entre eux arrivent à atteindre l’enseignement supérieur. Autrement dit, 90% des élèves se retrouvent sans formation académique, ni professionnelle.
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Le second problème est relatif à la qualité de la formation. En Afrique, plus de 70% des étudiants africains sont orientés vers des formations en sciences humaines: droit, économie, philosophie, sociologie, etc.
Très peu de jeunes sont formés dans les domaines scientifiques, techniques et professionnels. D’où une inadéquation entre la formation dispensée et les besoins des marchés du travail, tout particulièrement dans les PME.
D’où un nombre élevé de chômeurs diplômés et la faible productivité des entreprises africaines, qui se retrouvent sans ressources humanes de qualité.
Face à cette situation, le fondateur AfricSearch avance deux pistes de solutions, parmi d’autres.
D’abord, face à la déperdition scolaire, il assimile le système éducatif africain à une «autoroute sans sortie».
Les élèves sont obligés d’aller de bout en bout pour être actifs sur le marché du travail. Il préconise un système d’«Autoroutes avec des sorties» aussi bien au niveau élémentaire, secondaire, que supérieur.
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L’objectif est de récupérer tous ceux qui échouent dans un de ces cycles en les orientant vers des formations professionnelles adaptées à leur niveau scolaire.
C’est le modèle choisi par la Chne ainsi que celui de nombreux pays asiatiques.
Dans ce cas, il faut créer des centres de formation professionnelle tout au long du cycle de formation.
Ensuite, il faut aussi orienter le système éducatif africain vers les formations scientifiques en formant des techniciens, et les ingénieurs dont le marché de l’emploi a besoin.
Enfin, face au déficit en infrastructures, Acouetey appelle à l’intensification du recours aux nouvelles technologies pour former davantage de jeunes africains qui n’ont pas accès à l’éducation à cause de manque d’infrastructures.
Cela permettra d’accroître considérablement le taux d'élèves scolarisés, un taux encore très bas dans beaucoup de pays africains. Le Rwanda, par exemple, s’est engagé dans ce processus avec des résultats très probants.
Autant de solutions, si elles sont mises en place, qui pourraient atténuer l’échec des systèmes éducatifs africains.