En matière d'endettement, un constat s'impose. Plus faible est le revenu de la nation, plus son gouvernement succombe à la tentation d'emprunter. En Afrique subsaharienne, l'Erythrée, petit État de la Corne de l'Afrique, bat tous les records. Si le pays utilisait tout son revenu annuel pour payer ses dettes, il lui faudrait travailler encore trois mois sans se libérer de ses engagements.
En effet, l'endettement atteint 127,1% du PIB, alors que la moyenne de l'Afrique subsaharienne n'est que de 37,2%. Sans l'Afrique du Sud et le Nigeria, le taux d'endettement monte légèrement pour atteindre 50%, selon les Perspectives économiques régionales publiées par le FMI. Des pays cités en exemple, mais mauvais élèves en matière de dette
Pour compléter le podium, il faut traverser le continent d'est en ouest. Le Cap-Vert et la Gambie ne sont pas de bons élèves avec une dette atteignant respectivement 119,3% et 91,6% de leur PIB. Pour la Gambie, qui est une enclave à l'intérieur du territoire sénégalais et n'ayant pratiquement pas d'industrie, ce niveau s'explique. D'autant que la nature ne l'a pas gâtée, quant aux ressources naturelles. Le Cap-Vert, un archipel au large du Sénégal, est aussi dans un cas similaire, même si le pays est cité en exemple en matière de gouvernance.
Par contre, on retrouve des pays dont la présence dans ce top 10 surprend. Le Ghana avec un taux de 73,3% ainsi que les Seychelles avec 68,1% ne passent pas inaperçus. Plus surprenant encore est le fait que l'Angola soit à la 11e place avec un taux de 62,3%, alors que l'année dernière encore, elle avait un niveau de dette représentant 42% de son PIB.
L'Angola est en effet victime de la baisse des cours du pétrole dont dépend entièrement son économie. Ainsi, au cours des dix derniers mois, entre août 2015 et juin 2016, le pays a annoncé avoir emprunté 11,5 milliards de dollars, d'où ce bond gigantesque de son taux d'endettement.
Cercle vicieux
Il faut rappeler que les pays africains sont les plus mal notés dans le monde, ce qui les oblige à emprunter à des taux d'intérêt exorbitants. Il n'est pas rare de trouver 6,5% sur les bons du Trésor. Or, avec de tels taux, chaque année plus de 3% du PIB des pays de l'Afrique subsaharienne partent en fumée, soit l'équivalent du déficit budgétaire. On tombe dans un vrai paradoxe, puisque dans ce cas, le déficit est une conséquence directe de la dette, à cause des intérêts supportés. Le continent n'est pas près de sortir du cercle vicieux. C'est pourquoi il est impératif pour les Africains de diversifier les sources de financement, comme l'a récemment préconisé la CNUCED.
Pays (dette exprimée en % du PIB) | 2015 (Réalisations) | 2016 (Prévisions) |
Érythrée | 127,1 | 125,6 |
Cap Vert | 119,3 | 121,7 |
Gambie | 91,6 | 96,9 |
Malawi | 83,4 | 73,0 |
Sao-Tome-et-Principe | 82,5 | 91,9 |
Mozambique | 74,8 | 87,4 |
Ghana | 73,3 | 74,1 |
Seychelles | 68,1 | 64,8 |
Centrafrique | 65,0 | 58,5 |
Congo (Brazzaville) | 64,9 | 78,8 |