Vaut mieux tard que jamais. Après avoir longtemps fait la sourde oreille des critiques de l’opposition sur la crise économique aigüe que traverse le Tchad, le président Idriss Déby Itno, a, enfin, reconnu l’ampleur de la crise. Et face aux représentant de la majorité présidentielle, il n’a pas été tendre pour décrire la situation critique dans laquelle est plongée l’économie tchadienne.
Et pour le président tchadien, cette crise trouve son origine dans la conjonction de plusieurs facteurs. D’abord, il y a la chute du cours du baril de pétrole dont le Tchad est producteur depuis quelques années. Cette baisse a entraîné une chute des recettes d’exportations et des ressources budgétaires du pays.
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Les baisses des ressources affecte d’autant plus le budget de l’Etat qu’avec la découverte du pétrole et dans un souci d’acheter la paix sociale, le gouvernement tchadien avait multiplié au cours de ces dernières années des augmentations de salaires au niveau de la fonction publique gonflant ainsi la masse salariale de l’Etat. En outre, l’insécurité régionale liée notamment aux conflits et au terrorisme touchant les pays voisins du Tchad –Libye, Centrafrique et Nigéria-, a impacté négativement l’économie tchadienne qui n’arrive plus à exporter son bétail à destination de ces pays.
Conséquence, l’économie tchadienne est au bord du gouffre. L’Etat a du mal à faire face à ses engagements au moment où les fonctionnaires multiplient les grèves qui paralysent davantage encore, l’économie du pays.
Face à cette situation, le président tchadien envisage des mesures draconiennes pour essayer de sortir le pays de cette crise profonde mais elles risquent d’aggraver les tensions sociales.
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Ainsi, face à la baisse des recettes, l’accent est mis sur la baisse des dépenses. La première cible concerne la baisse des salaires des fonctionnaires en ciblant prioritairement les primes accordées par l’Etat dans le sillage du boom pétrolier. Une mesure qui risque de mécontenter davantage les Tchadiens qui font face à une inflation galopante.
Par ailleurs, le président Déby a aussi taclé les multinationales présentes au Tchad qui rapatrient la totalité de leurs bénéfices dans leur pays d’origine. Passant outre la réglementation qui permet à ces entreprises de rapatrier leur bénéfice, le président souhaite obliger celles-ci à réinvestir une partie de ces bénéfices au Tchad. Une gageure qui risque surtout de décourager d’éventuels investisseurs étrangers.