Qualifié de «plus grand projet du Sénégal depuis son indépendance», le Train express régional (TER) n’est pas prêt à démarrer. Comète International, une des entreprises soumissionnaires au marché du TER proteste contre la note technique qui lui est attribuée lors de l’évaluation des offres. La multinationale tunisienne fait recours à l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) qui ordonne la suspension de la passation du marché d’assistance à la maitrise d’ouvrage.
Une commission des litiges aura ainsi la charge de trancher le contentieux qui pourrait clouer à la gare le TER. Faute d’avoir reçu une réponse convaincante, le 16 décembre 2016, de la part de l’Agence pour la promotion des investissements et de grands travaux (APIX) à propos de la note technique dont il a bénéficié dans le cadre de la passation du marché du TER, Comète International a saisi l’ARMP qui devra trancher cette affaire à travers sa commission des litiges.
Une visite qui consacre le retour en force de la France dans l'économie sénégalaise
Pour rappel, l’ARMP avait aussi ordonné la suspension du démarrage du lot 1 du Train express régional, suite à la plainte de la société turque Yenigun qui n’était pas satisfaite. L’APIX aurait favorisé les entreprises françaises au détriment des autres concurrents, disent-ils tous.
Retour des entreprises françaises au Sénégal
La question de savoir pourquoi le gros des marchés concernant le TER, devant joindre Dakar à l’Aéroport international Blaise Diagne, a été donné aux entreprises françaises reste entière. La différence des prix proposés par les autres soumissionnaires, tels que le Turc Yenigun et les entreprises chinoises qui ont vu tous les marchés du TER leur passer sous le nez, est suffisante pour en interpeller plus d’un. En octroyant l’ensemble des lots de ce juteux marché de 568 milliards de francs CFA aux entreprises françaises, l’Apix a-t-elle ignoré que le Trésor public sénégalais perdait la bagatelle de 285 milliards de francs CFA dans l’opération.
Par ailleurs, beaucoup s’interrogent sur le coût global de marché. Le constat est inquiétant. Pour une distance de 57 km, le Sénégal dépense la bagatelle de 568 milliards de francs CFA. Or au Nigéria, pour 187 km, la China civil engineering construction company (CCECC) a construit une ligne ferroviaire d’un montant de 533 milliards de FCFA. Suffisant pour saisir la Direction de contrôle des marchés publics afin d’avoir des éclaircissements.
La concurrence a été rude pour le turc Yenigun et les conglomérats chinois (CRCC, China RailWay Group Limited, CRBC, CM EC/CEC) parce que devant rivaliser avec les multinationales françaises. Il se trouve que la partialité de l’arbitre, qu’est l’Apix, est de plus en plus mise en doute puisqu’elle qui se penche ostensiblement en faveur des entreprises françaises.
Pour preuve, concernant le lot 2 de la structure électronique, la société turque Yenigun avait proposé une offre équivalente à 83,962 milliards de FCFA. Cette proposition était moins lourde que celles des Chinois et des Français qui étaient estimées respectivement à 99 milliards de Francs CFA et 173 milliards de francs CFA. Sommée de donner de explications sur les motivations de son choix, l’APIX soutient que «le trio français Engie – Ineo - Thales était plus à même de respecter le cahier des charges».
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Par ailleurs, il y a également la complainte d’une autre entreprise chinoise concernant le lot 1 du marché relatif à la conception et la réalisation des installations d’une ligne de chemin de fer électrique à deux voies à écartement standard, et d’un système ferroviaire. L’ARMP a été obligé de suspendre l’attribution dudit lot suite à la protestation de la China railway construction corporation limited (CRCC Senegal Sau) qui s’étonnait que le marché soit attribué au groupement Eiffage -GF/Eiffage Sénégal/Eiffage rail/Yapi Merkezi/CSE- pour 329,4 milliards de FCFA.
CRCC, elle, avait facturé le même service à 174 milliards de FCFA, soit donc une différence de 155 milliards de FCFA. Ce qui enh fait la moins disante.
Visiblement, la mise en rails du TER dakarois s’annonce plus difficile que jamais.