Afrique-Allemagne: un «Plan Marshall» pour relever les défis du continent

Gerd Müller, ministre fédéral allemand de la Coopération et du développement économique.

Gerd Müller, ministre fédéral allemand de la Coopération et du développement économique. . DR

Le 03/03/2017 à 18h31, mis à jour le 03/03/2017 à 18h36

L’Allemagne a dévoilé au siège de la Banque africaine de développement (BAD) son «Plan Marshall» pour l’Afrique. Il s'appuie sur quatre leviers fondamentaux: l’entrepreneuriat, le secteur privé, les énergies renouvelables et la croissance verte.

L’Allemagne montre depuis quelques mois un nouvel intérêt pour le continent africain. C’est en pleine visite de la chancelière allemande Angela Merkel en Afrique du Nord pour parler de l’immigration et du développement que Gerd Müller, ministre fédéral allemand de la Coopération et du développement économique, qui a dévoilé ce Plan Marshall avec l'Afrique, au siège de la Banque africaine de développement (BAD).

Selon le ministre allemand, ce plan, proposé à la BAD, vise à aider le continent à relever certains défis auxquels l’Afrique est confrontée. Ainsi, tout en reconnaissant que l’Afrique -qui affiche globalement l’un des taux de croissance les plus élevés actuellement, par rapport à d’autres continents- reste une terre d’opportunités, Gerd Müller explique que le continent doit faire face à de nombreux défis.

Parmi ces défis figure en bonne place la lutte contre le chômage via la création de 20 millions d’emplois par an, mais aussi la formation des jeunes par la création d’établissements d’enseignement et de formation pour une population qui devrait atteindre 2 milliards d’habitants à l’horizon 2050.

Pour relever ces défis, le continent africain a besoin d’une nouvelle initiative d’envergure, d’un «Plan Marshall avec l’Afrique», et non «pour l’Afrique», une manière pour le ministre allemand de souligner que ces défis ne pourront être relever que dans un cadre d’efforts concertés entre l’Afrique et ses partenaires et le système multilatéral, d’où l’inscription du plan dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

Il s’agit de mettre en place d’un «nouvel ordre» gagnant-gagnant pour l’Afrique et les pays occidentaux. Dans cette optique, le plan prévoit «un accès plus équitable et amélioré au marché pour les exportations africaines et à l’éradication des flux financiers illicites au départ de l’Afrique et de l’évasion fiscale des grandes multinationales». Il prévoit aussi le soutien au développement des chaînes de valeur agricoles en Afrique afin que le continent puisse tirer davantage de bénéfices de sa production agricole (cacao, coton, etc.).

En gros, ce plan repose sur quatre piliers: l’entrepreneuriat, le secteur privé, les énergies renouvelables et la croissance verte. Sans donner de détails, il explique que les quatre piliers de ce plan rentrent dans le cadre des priorités de la BAD.

Partant du fait que le financement public ne crée pas d’emplois sur le long terme, le ministre allemand souligne la nécessité d’augmenter les investissements privés et de favoriser l’entrepreneuriat. «Notre objectif est d’offrir des mesures incitatives claires en soutien à la création d’un environnement favorable aux investissements privés. Nous cherchons à établir des partenariats de réforme avec les pays d’Afrique, fondés sur les valeurs communes de la redevabilité, de la transparence et de l’engagement ferme», a t-il souligné, ajoutant que l’Allemagne apportera un important soutien aux pays qui souhaitent devenir des champions de l’Agenda 2063 en citant des exemples comme le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Rwanda.

Seulement, ce plan n’étant pas chiffré, contrairement au «Plan Marshall» que les Etats-Unis avaient mis en place pour la reconstruction de l’Europe (une enveloppe de 13 milliards de dollars de l’époque, soit l’équivalent de 150 milliards d’euros d’aujourd’hui, au profit de 16 pays européens), il reste encore à affiner. C’est pourquoi Abdelmajid Mellouk, directeur exécutif pour le Maroc, la Tunisie et le Togo, a proposé d’enrichir le Plan de données visant à donner une image plus claire de ses objectifs.

Les seuls engagements clairs de l’Allemagne concernent d'une part, l’augmentation de 20% de l’aide au développement de l’Afrique au profit des pays qui luttent contre la corruption et qui adoptent une bonne gouvernance, d’autre part, la contribution à l’augmentation de manière significative du capital de la Banque africaine de développement (BAD) afin de doter celle-ci des moyens adéquats pour faire face au financement de sa stratégie pour la transformation de l’Afrique.

Une chose est certaine, avec le terrorisme et la migration, les pays européens semblent finalement comprendre qu’ils sont sur le même bateau que l'Afrique et qu’ils doivent ensemble faire le nécessaire pour éviter que celui-ci ne coule.

Par Kofi Gabriel
Le 03/03/2017 à 18h31, mis à jour le 03/03/2017 à 18h36