Kiosque le360afrique. En matière d'électrification, l'Afrique ne peut plus s'enfermer dans la solution basée exclusivement sur les grands réseaux gérés par des sociétés nationales. L'objectif étant juste de permettre à chaque individu, chaque ménage, chaque entreprise d'avoir accès à l'électricité, la solution peut être une auto-production, plutôt qu'une connexion à un réseau.
En effet, l'exemple de ce jeune ivoirien qui a conçu un cartable destiné aux écoliers et munis d'un kit solaire est très révélateur. Le soir, les jeunes écoliers, souvent des villageois, n'ont plus qu'à les brancher sur une lampe à faible consommation leur permettant de réviser tranquillement leurs cours et faire leurs devoirs. Des exemples similaires, très loin des réseaux de la Sénélec au Sénégal, d'Electricité du Mali (EDM) ou d'Electricité de Guinée (EDG) sont de plus en plus nombreux.
Lire aussi : Sénégal: comment le solaire devrait représenter 30% de la production électrique en 2018
Ils ont le mérite d'accélérer la transition électrique du continent. C'est dire que l'Afrique pourra, grâce à de pareilles solutions, faire un grand bond en avant et réaliser en quelques années ce que les autres continents ont mis deux siècles à faire. C'est, en tout cas, l'avis publié dans le quotidien français Le Monde par l'Africa Progress Panel, un think tank regroupant dix éminentes personnalités africaines issues des secteurs privé et public qui se mobilisent en faveur d’un développement équitable et durable pour l’Afrique.
Kofi Annan, qui est le président de ce panel, estime que "les besoins énergétiques de l’Afrique sont non seulement considérables, mais également pressants". Le problème c'est que "le manque de services énergétiques modernes sur le continent freine la croissance économique, la création d’emplois, l’agriculture durable, la santé et l’éducation", estime le Ghanéen qui a été à la tête e l'Organisation ddes nations unies de 1997 à 2006.
Par conséquent, les décideurs publics et leurs partenaires privés doivent absolument mettre en œuvre des solutions probantes pour donner accès à des centaines de "millions de ménages, petits entrepreneurs et communautés reculées". Cela passe par l'étude de toutes les solutions possibles qui vont "d’installations solaires à usage domestique, de mini-réseaux ou de réseaux nationaux", note toujours Kofi Annan.
Evidemment, comme pour le reste des défis auxquels l'Afrique fait face, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire. Mais le récent rapport du think tank de Kofi Annan, intitulé "Lumière, puissance, action: électrifier l’Afrique", montre que le continent peut relever le défi. Pour ce faire, chacun doit apporter sa pierre à l'édifice. Les gouvernements doivent définir un nouveau cadre réglementaire, les producteurs faire appel de plus en plus au secteur privé et tout le monde doit faire appel aux énergies renouvelables.
Certes, les modèles basés sur les réseaux seront le socle de l'électrification sur l'ensemble du continent. C'est en effet, le modèle le plus approprié dans les zones urbaines qui regroupent désormais 40% de la population du continent. Mais, pour offrir de l'électricité à des villages isolés et éloignés des grands lieux de production, il n'y a pas mieux que les petits kits de production.
"Les systèmes innovants et les nouvelles technologies offrent des moyens prometteurs de combler le fossé énergétique de l’Afrique plus vite qu’en recourant au seul processus de raccordement au réseau", affirme l'ancien secrétaire général de l'ONU. Il semblerait même qu'il n'y a pas mieux que "les installations solaires hors réseau" et les familles pourraient payer à la carte grâce au développement du mobile banking.
Ecoles, établissements de santé et autres services communautaires peuvent aussi profiter du solaire. Alors que les mini-réseaux constituent des solutions "permanentes et durables au raccordement au réseau, en particulier au fur et à mesure du lancement de produits fiables et abordables, attrayants pour les petites et moyennes entreprises dont les activités se déroulent à l’écart du réseau national".
Dans beaucoup de pays, il faut néanmoins un effort dans la législation pour favoriser la création et l'exploitation de petites entreprises privées de production et de distribution.
Enfin, il faut que les donateurs jouent leur partition en tenant leurs promesses de financement. "Des donateurs bilatéraux et multilatéraux ont promis de destiner plusieurs milliards de dollars à la transition énergétique en Afrique, mais à ce jour, seule une petite partie de ces fonds a effectivement été débloquée", regrette Kofi Annan. Pourtant, tout le monde doit comprendre que l'électrification de l'Afrique ne peut plus attendre.