Sénégal: comment le solaire devrait représenter 30% de la production électrique en 2018

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Le 05/11/2016 à 20h21, mis à jour le 06/11/2016 à 09h07

Deux centrales solaires inaugurées en moins d’un mois et une dizaine d’autres en cours, dont cinq seront inaugurées en 2017. Le Sénégal semble avoir résolument mis le cap sur le solaire, avec comme objectif d’atteindre un taux de 30% d’énergies renouvelables d’ici 2018.

Le Sénégal vient de faire son entrée dans le solaire avec l’inauguration de la centrale de Bokhol, la plus grande en Afrique de l’Ouest à ce jour, le 22 octobre, et celle de Malicounda, le 3 novembre. Plusieurs autres projets de centrales solaires sont soit en cours de réalisation au Sénégal, soit programmés.

Ainsi, le gouvernement a annoncé, lors de l'inauguration de ces deux premières centrales solaires, la mise en service, dès 2017, de 5 autres : la centrale de Sinthiou Mékhé (29,5 MW) en mars 2017, Kahone (20 MW) en mai, Mérina Dakhar (29 MW), Sakal (20 MW) et de Diass (15 MW), fruit de la coopération allemande, respectivement en juillet, octobre et décembre 2017. Ce qui portera la production en énergie solaire du Sénégal à 153,5 MW à fin 2017.

Les mises en production de ces cenrales porteront la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays à 21%. Outre le solaire, le Sénégal compte aussi déveopper lénergie éolienne.

En tenant compte des 50 MW du parc éolien de Taïba Ndiaye (en cours de réalisation) et les 100 MW prévus dans le cadre du programme Scaling Solar, ce taux va atteindre 30% en 2018. «Dans ce mix énergétique, le solaire jouera un rôle de premier plan dans le renforcement de nos capacités de production d’énergie, d’autant plus que ses coûts de production du solaire deviennent de plus en plus compétitifs», explique-t-on auprès du gouvernement.

En outre, ces centrales ont un impact écologique certain. Leur mise en service permettrait à la Senelec d’économiser, dès 2017, environ 175.000 tonnes d’émissions de CO2 par an.

Une douzaine de centrales programmées

Compte tenu, des résultats positifs atendus de la mise en place de ces centrales solaires, le pays compte mettre en place une dizaine d’autres centrales photovoltaïques à l'horizon 2019.

Dans ce cadre, en février dernier, le Sénégal avait conclu un accord avec la Société financière internationale (SFI) visant la production de 50 à 200 MW d’énergie solaire dans le cadre de l'initiative de la Banque mondiale visant à aider les pays africains à produire de l’électricité à partir des énergies renouvelables et à moindre coût.

Ce qui, d’après la SFI, ouvre la voie à la création d’un nouveau marché pour l’investissement en énergie solaire dans la sous-région. A l’instar de la Zambie, premier pays africain à intégrer cette initiative, en 2015, qui avait permis de susciter «un intérêt considérable» sur le marché de l’énergie. La société zambienne pour le développement industriel avait, en effet, reçu 48 candidatures pour la réalisation des deux premiers projets de 50 MW chacun, dans le cadre de cette initiative.

Pour l'Etat sébégalais, la centrale solaire de Malicounda est le modèle à suivre. Celui-ci a été réalisé dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP) entre une collectivité locale, la Senelec et une société avec des investisseurs de divers horizons. En effet, la commune de Malicounda détient 5% des parts de la société d’exploitation. Ce qui permettra à la population, en plus d’avoir accès à l’électricité, de gagner de l’argent et de ressentir directement l’incidence du projet sur leur vécu. La «belle trouvaille», qui devrait faire des émules dans d’autres communes, selon les autorités sénégalaises, consiste donc à s’éclairer pour améliorer les conditions de vie des populations, et s’éclairer en gagnant de l’argent.

En marge de la COP22 qui se tient au Maroc, le Sénégal entend bien évidemment mettre en avant cet effort de développement des énergies renouvelables. 

Le pari de l'intégration local à relever

Pour le Pr Lamine Thiaw, chercheur au Centre international de formation et de recherche en énergie solaire (CIFRES) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), les progrès faits dans ce domaine par le Sénégal ces dernières années sont appréciables. «Je suis agréablement surpris que le Sénégal soit allé si vite dans le développement des énergies renouvelables», dit-il, jugeant «intéressant» le taux de 21% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique en 2017 et 30% en 2018.

Toutefois, selon ce chercheur, il est indispensable de développer des compétences humaines locales pour accompagner ces projets solaires qui nécessitent beaucoup de maintenance. Par ailleurs, il invite l’Etat, notamment via le transfert de technologies, à investir dans la production, au niveau local, des équipements. Meilleur moyen de diminuer le coût de production du KWh et de rendre plus compétitifs le solaire et l’éolien. «Pour rentabiliser les investissements, il faut maîtriser la technologie», dit-il.

Il est clair, comme l’a rappelé le gouvernement sénégalaiComment le solaire pourra représenter 30% du bouquet, le soleil «brille pour tout le monde».

Enfin, sur le long terme, le Sénégal mise aussi sur le gaz suite aux récentes découvertes d'importantes réserves de gaz le long de ses côtes. Le plan de production de la Senelec anticipe déjà ce cap, misant, en priorité, sur le gaz à partir de 2022.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 05/11/2016 à 20h21, mis à jour le 06/11/2016 à 09h07