Afrique du Sud: la mise en garde des marchés contre tout limogeage de Gordhan par Zuma

Le président sud-africain Jacob Zuma (d) et son ministre des Finances Pravin Gordhan, le 27 mars 2013 à Durban |

Le président sud-africain Jacob Zuma (d) et son ministre des Finances Pravin Gordhan, le 27 mars 2013 à Durban |. DR/ AFP/Archives | ALEXANDER JOE

Le 28/03/2017 à 17h32, mis à jour le 29/03/2017 à 23h31

Connu pour son penchant pour le luxe et condamné pour avoir détourné l'argent public en vue de rénover sa villa de Kanalai, Jacob Zuma ne rêve que de se débarrasser de son très populaire ministre des Finances, Pravin Gordhan. Mais hier, les marchés lui ont montré qu'ils ne le laisseront pas faire.

Si pour la justice Jacob Zuma a été incriminé de détournement de deniers publics, pour les marchés financiers le président sud-africain ne mérite pas qu'on lui fasse confiance. Il a fallu que Jacob Zuma annule la tournée à l'étranger du très respecté ministre des Finances, Pravin Gordhan, pour que la bourse de Johannesburg réagisse négativement.

En effet, Pravin Gordhan avait entamé une tournée devant le mener de Londres à New York en passant par Boston, dans l'objectif de promouvoir les investissements en Afrique du Sud. Sauf que pour le président sud-africain, le ministre des Finances a commis un crime de lèse-majesté en ne requérant pas son aval. Du coup, il l'a rappelé d'urgence pour qu'il revienne à Pretoria. La rumeur a couru que ce rappel in extremis de l'argentier du pays était motivé par l'imminence d'un remaniement ministériel, dont Gordhan ne sortirait pas indemne.

Ce dernier est l'unique garant de la rigueur budgétaire en Afrique du Sud. Du coup, les marchés ont montré leur nervosité. Le rand, la monnaie sud-africaine a chuté de 1,7%, entraînant avec lui les valeurs financières, à savoir bancaires et assurances, qui ont perdu 1,8% lundi.

En réalité, cette tournée de Gordhan devait préparer l'émission prochaine d'un emprunt obligataire de 2 milliards d'euros. Par conséquent, elle devait renforcer la confiance des investisseurs en l'économie sud-africaine. Car, faut-il le rappeler, depuis la fin 2016, avec l'intention affichée des agences de notation de dégrader la dette, beaucoup ont pensé à réduire leur exposition par rapport à l'économie sud-africaine. Si la Johannesburd Stock Exchange tient encore, c'est sans doute grâce à la confiance en Pravin Gordhan. Sauf que Zuma ne rêve que de se débarrasser de celui qui ne cesse de mettre en lumière les pratiques douteuses du chef de l'Etat, notamment l'implication de la riche famille Gupta dans la nomination et le limogeage des ministres et directeurs généraux. D'ailleurs, c'est mardi 28 mars, que s'est ouvert le procès opposant Gordhan aux Gupta. 

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 28/03/2017 à 17h32, mis à jour le 29/03/2017 à 23h31