C’est au nom de la Confédération des chocolatiers et confiseurs de France que Daniel Mercier, vice-président, et son collègue Alexandre Bellion sont actuellement en mission au Cameroun. Arrivés dimanche 13 août, pour une visite de trois jours, les deux maîtres chocolatiers français ont tenu une séance de travail lundi 14 août avec le ministre du Commerce du Cameroun, Luc Magloire Mbarga Atangana.
On apprend que cette mission, officielle cette fois, est la deuxième du genre. En effet, à la demande des producteurs locaux de cacao, notamment ceux de la localité d’Obala près de Yaoundé, quatre chocolatiers français s'étaient déjà rendus au Cameroun en mai 2017.
«Nous étions venus rencontrer ces planteurs, qui nous avaient contactés en disant qu’ils produisaient des fèves de qualité et souhaitaient les valoriser. Ils voulaient savoir si les chocolatiers français pouvaient utiliser leurs productions. Nous sommes donc venus et on a effectivement constaté qu’il y avait du potentiel», assure Daniel Mercier. Le maître chocolatier souligne par ailleurs que durant la première visite au Cameroun une tonne de fèves avait été acquise au prix de 4 euros le kilo (2.600 francs CFA), afin d'effectuer des tests.
Lire aussi : Cameroun: 30.000 tonnes de cacao pour 2015-2016
Or, il s’avère qu’avec sa couleur rouge brique, sa grosseur et sa forte concentration en beurre, le cacao camerounais présente de nombreux atouts pour les producteurs de gourmandises. «Nous sommes donc revenus pour poser les bases d’un partenariat gagnant-gagnant, afin de créer une véritable filière de valorisation des produits des terroirs du Cameroun. Nous sommes prêts à acheter, mais nous ne cherchons pas du cacao moins cher, plutôt d’excellence, du haut de gamme», prévient Daniel Mercier.
Pour mieux expliquer leurs besoins, les hôtes du Cameroun iront à la rencontre des coopératives de producteurs, mais mèneront également des visites dans des Centres d’excellence de traitement post récolte du cacao, mis en place dans les bassins de production par le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC). Le partenariat qui sera noué à terme vise la production et l’exportation des cacaos de haut de gamme, l’installation d’unités artisanales modernes de transformation du cacao en chocolat, la formation de jeunes Camerounais au métier d’artisan-chocolatier, la transformation et l’exportation des produits cacaotés semi-finis de haut de gamme en France et bien entendu, la promotion du cacao du Cameroun.
Pour le ministère du Commerce, il s’agit, à travers ce partenariat, de placer les producteurs au centre de la filière, en leur garantissant des débouchés sûrs, tant qu’ils continuent à observer les pratiques culturales, mais aussi en matière de fermentation, de séchage et de conservation des fèves.
Lire aussi : Vidéo. Côte d’Ivoire: la transformation du cacao sur place en marche
Le Cameroun est en effet le 4e producteur de cacao en Afrique (300.000 tonnes par an), derrière la Côte d’Ivoire (1.200.000 tonnes), le Ghana et le Nigéria.
Mais riche de sa diversité climatique et géographique, le cacao des terroirs camerounais gagne en qualité au fil des ans, du fait de l’encadrement du CICC.
Sauf qu’avec une seule unité de transformation industrielle, les fèves sont exportées vers l’Europe notamment, à l'état brut sans aucune valeur ajoutée.
Avec la surproduction actuellement enregistrée au niveau mondial, les producteurs camerounais cèdent le kilogramme de cacao à moins de 1.000 FCFA. Transformé, ce cacao revient dans le pays sous forme de plaquette de chocolat, vendue à 140 euros (près de 100.000 FCFA) pour seulement 80 grammes de cacao… La transformation locale s’avère donc impérative pour rentabiliser la filière et améliorer le revenu des producteurs.