Cameroun. Fraude à la carte bancaire: plus de 3,7 milliards de FCFA de pertes depuis 2013

DR

Le 17/08/2017 à 12h32, mis à jour le 17/08/2017 à 12h34

La fraude par carte bancaire prend de l’ampleur au Cameroun et dans la sous-région. Du coup, le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (GABAC) tire la sonnette d’alarme.

Le «Skimming» ou fraude à la carte bancaire. Voilà un terme avec lequel les clients des banques camerounaises ont appris à se familiariser depuis un certain temps.

Selon l’Agence nationale des technologies de l’information et de la communication (ANTIC), cette pratique frauduleuse a causé un préjudice d’environ 3,7 milliards de francs CFA (soit 5,64 millions d'euros) depuis 2013 aux établissements financiers.

Selon les experts, le procédé de fraude est de deux ordres. D’une part, il s’opère lors des paiements en ligne, notamment sur les sites de commerce par internet, particulièrement visés par des hackers. D’autre part, il y a possibilité de fraude lors des retraits d'espèces dans les distributeurs automatiques, ou lors des paiements par carte bancaire sur les terminaux utilisés dans certains commerces, notamment les grandes surfaces.

Au niveau des distributeurs, selon les experts, les fraudeurs procèdent au vol des données des clients, titulaires légitimes des cartes bancaires. Ce, en installant des dispositifs au niveau des distributeurs pour copier les données secrètes nécessaires au clonage de la carte. D’où la nécessité pour les banques, de renforcer les contrôles de leurs distributeurs automatiques et de procéder à des vérifications régulières. Ce qui n’absout pas les usagers de prendre quelques précautions pour assurer la confidentialité de leurs opérations.

«J’ai vu un reportage sur le sujet à la télévision. Depuis, lorsque je retire de l’argent, j’essaye notamment de cacher mon mot de passe en couvrant le clavier du distributeur à l’aide de ma main libre. Je ne sais pas si c’est suffisant, mais au moins j’essaye d’être prudent», confie Serges Nken, un usager. Au Cameroun, ces actes qualifiés de vols aggravés sont réprimés par le Code pénal.

Mais l’ampleur du phénomène s’étend à toute la sous-région d'Afrique centrale. Dans son rapport du mois d’août 2017 sur les «nouveaux moyens de paiement», le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (GABAC) tire la sonnette d’alarme sur les risques liés aux cartes prépayées en zone Cemac -Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale.

Le GABAC y dénonce, entre autres, des risques liés à l’anonymat des porteurs de cartes bancaires, le non-respect des plafonds prescrits par la Banque centrale qui peuvent entraîner toutes sortes d’abus, voire le blanchiment d’argent ou de produits de la fraude fiscalo-douanière. 

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 17/08/2017 à 12h32, mis à jour le 17/08/2017 à 12h34