Labellisation. L’Afrique veut valoriser ses produits du terroir

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Le 03/11/2017 à 17h46

L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) a procédé au lancement d'une nouvelle phase d’un programme d’appui à la labellisation des produits du terroir du continent africain. Une niche extrêmement lucrative si le marché s'organise.

Ananas de Bafia, miel blanc d’Oku, poivre de Penja, oignon violet de Galmi, Attiéké de Côte d’Ivoire, Bifaka du Gabon...L'Afrique regorge de produits du terroir qui ne demandent qu'à être valorisés et mieux commercialisés. «Le marché régional possède un potentiel de valorisation commerciale dont ces États pourraient largement tirer profit", a signalé l’Ivoirien Denis Loukou Bohousou, directeur général de l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI). Une niche lucrative existe sur ce marché très en vogue partout dans le monde.

Sauf que pour être profitable, il nécessite d'être mieux organisé. Manque d’équipements pour améliorer la qualité des produits, insuffisance de dialogue entre les acteurs, difficultés d’accès au crédit, au conseil et à la formation, le développement du secteur souffre encore de nombreux freins.

Toutefois, les choses pourraient changer rapidement. En effet, l’OAPI développe depuis 2015 un Programme d’appui à la mise en place des indications géographiques (IG) afin de promouvoir la niche des produits du terroir africain.

La phase pilote du programme, qui s'est déroulée de 2008 à 2014 en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD), «a démontré qu’il était possible d’établir les IG en Afrique, à l’exemple du miel blanc d’Oku (Cameroun), du poivre de Penja (Cameroun) et du café Ziama Macenta de Guinée, labélisés durant cette période», s'est réjouit Denis Loukou Bohousou.

Le 2 novembre à Yaoundé, siège de l’organisation panafricaine, la phase II du programme a été lancée, avec la mise à disposition de plus de 2 milliards de francs CFA pour labéliser de nouveaux produits.

En prélude, «des experts nationaux ont été formés pour répertorier tous les produits susceptibles d’être labellisés. 110 produits agricoles et artisanaux ont ainsi été proposés», a expliqué Michel Gonomy, chargé du programme des IG à l’OAPI. Entre autres, l’ananas de Bafia (Cameroun), l’oignon violet de Galmi (Niger), l’Attiéké de Côte d’Ivoire ou les Bifaka du Gabon.

Ce sont les experts qui définiront si le produit retenu est spécifique et si il a un lien avec sa localité d’origine. «Il faut que le produit soit influencé par sa zone de production», ajoute Michel Gonomy.

Autre critère favorisant la labellisation d'un produit: la volonté politique des pays. "Dans ce sens, le Cameroun est déjà en pole position, lui qui dispose de tout un comité national de coordination des IG", explique Michel Gonomy.

Après la labellisation, le travail de l’OAPI se poursuit ensuite à travers un accompagnement de la production, du contrôle de la qualité et la promotion du produit ayant reçu l’IG. Une reconnaissance qui confère de la notoriété, en plus des retombées économiques induits. A titre d’illustration, le kilogramme du poivre de Penja est passé de 2500 francs CFA (Fcfa) en 2012 avant la labellisation à 18.000 francs CFA actuellement. Dans le même temps, la demande en miel d’Oku est largement supérieure à l’offre.

L’OAPI est riche de 17 États membres: Bénin, Burkina-Faso, Cameroun, Centrafrique, Commores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée-Equatoriale, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. 

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 03/11/2017 à 17h46