Cameroun: business, le bon filon des escargots

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Le 25/03/2018 à 07h16, mis à jour le 25/03/2018 à 09h54

La chair de ces mollusques fait courir les consommateurs. Face à l’engouement, le marché des escargots explose. Au point que Nina Ngassa, jeune entrepreneure, en a fait un business florissant depuis deux ans.

Le commerce d’escargots a le vent en poupe au Cameroun. Certains y ont flairé un bon filon et s’y sont engouffrés. C’est le cas de Franck Denis, vendeur d’escargots au marché du Mfoundi à Yaoundé, la capitale. «Je peux dire que j’ai repris le flambeau. Ma grand-mère en vendait et, petit, j’allais en ramasser. Puis, les gens adorent en manger. C’est un produit qui passe bien sur le marché», affirme-t-il.

Mais celle qui fait davantage parler d’elle dans ce secteur, c’est Nina Ngassa, jeune femme installée à Buea, dans la région anglophone du Sud-Ouest. Elle s’est lancée il y a deux ans dans la vente d’escargots séchés et prêts à la consommation. Depuis, la mayonnaise a pris!

«J’ai pris mon téléphone un jour en me disant: cette image attend, je la mets sur Facebook et j’ai écrit: Si vous êtes intéressés par des escargots, contactez-moi. C‘était une blague! Honnêtement, c‘était une blague. Je n‘étais pas sérieuse, car je n’avais pas d’escargots à la maison et je n’attendais aucun résultat», se rappelle Nina, dans un reportage diffusé sur des chaînes étrangères, notamment Africanews.

Son «coup de bluff» va faire mouche. «Au moment où j’ai mis ces photos en ligne, j’ai réalisé qu’en moins d’une heure, mon téléphone sonnait, car je n’arrêtais pas de recevoir des notifications, des messages», se souvient la jeune femme, originaire de la région de l’Ouest. Aujourd’hui, Nina est à la tête d’un business florissant qui emploie de la main-d’œuvre supplémentaire.

«Proies faciles»

Ses mollusques, elle les livre désormais dans tout le pays, mais aussi en Europe, précisément en Belgique et au Royaume-Uni, apprend-on. Il faut débourser 37 dollars (plus de 19.000 francs CFA) pour un paquet d’escargots séchés. Il en faut moins chez Franck Denis où les prix sont relativement plus bas. «Je vends les escargots vivants ou déjà nettoyés. Les prix varient entre 3.500 et 4.000 francs CFA le seau de 5 litres pour les escargots encore en vie. Et ce, en fonction de la grosseur. Pour les escargots nettoyés, c’est 4.000 francs le kilo pour les gros et 3.500 francs pour les petits», confie le vendeur, peu disert sur son chiffre d’affaires.

Mais qu’est-ce qui fait tant courir les consommateurs? «J’aime les escargots pour leur goût. Leur chair n’est pas fibreuse comme les autres viandes. C’est vraiment un régal quand c’est bien préparé», confie André, consultant dans un cabinet de communication à Yaoundé.

Même son de cloche chez Bernice, enseignante dans un lycée technique de la capitale. L’escargot était d’ailleurs au menu de son repas d’anniversaire le 20 mars dernier. Au-delà du goût et du prix jugé attractif, les escargots séduisent aussi par leurs valeurs nutritionnelles.

En effet, leur chair renferme des acides gras oméga-3 qui participent au bon fonctionnement du système cardiovasculaire, expliquent les nutritionnistes. Elle contient également du magnésium, du potassium, du fer et du calcium. En outre, la chair d’escargot renferme des vitamines (B, D, E) et contient des protéines de bonne qualité, selon toujours les experts.

Au Cameroun, le retour des pluies, comme c’est le cas actuellement, est propice à la «chasse» aux escargots. Ceux-ci abondent en effet dans la nature à cette période. «Le succès des escargots est sûrement dû au fait qu’on en trouve facilement. Ce sont des proies faciles puisque tout le monde peut en ramasser sans problème, même les enfants», avance un consommateur averti.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 25/03/2018 à 07h16, mis à jour le 25/03/2018 à 09h54