Nigeria: déjà un marché d'un milliard de dollars de paris en ligne

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Le 26/06/2018 à 20h16, mis à jour le 27/06/2018 à 08h52

Au Nigeria, les paris en ligne connaissent un développement fulgurant et drainent un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars par an, alors que moins de la moitié de la population dispose d'un compte bancaire.

Fidèles à la tradition des bookmakers britanniques, les Nigérians profitent de la Coupe du Monde à laquelle prennent part les Green Eagles, leur équipe nationale de football, pour s’adonner à la passion des paris. Les parieurs s’en donnent à cœur joie grâce aux nouveaux sites de paris en ligne. Cet engouement profite fortement au mode de paiement en ligne, malgré le taux de bancarisation relativement bas.

Ce mardi 26 juin, la bande de John Obi Mikel rencontre les coéquipiers de Lionel Messi. Les paris sont ouverts et l’on se jette volontiers sur les sites. Bet9ja, Naira Bet, Merry Bet ou encore Winner Golden Bet ne sont que quelques exemples parmi des dizaines d’autres sites de paris en ligne qui connaissent une forte affluence dans ce pays de 190 millions d’habitants.

Actuellement, les sociétés venues de l’autre bout du monde cherchent à profiter de la manne. Des entreprises russes, slovaques, italiennes et bien sûr britanniques viennent titiller les portemonnaies électroniques nigérians. Et, ce match contre l’Argentine, avec ses allures de finale dans le groupe D, est synonyme de paris fous.

Le site britannique Betway, au Nigeria depuis le début de l’année 2018, a mis les bouchées doubles pour attirer les parieurs lors de cette Coupe du monde. Deux voyages ont été offerts à ses clients pour assister à ce match très attendu. Du coup, ses concurrents lui ont emboité le pas. Le leader Bet9ja a suivi le mouvement et Nairabet ne s’est pas laissé faire face à la concurrence.

Ce nouveau marché fait le bonheur des paiements en ligne et aide à l’amélioration de la bancarisation, dont le taux n’est que de 40%. Quant à la banque via le téléphone mobile, elle n’en est qu’à ses balbutiements. Selon la Banque mondiale moins de 10% des Nigérians disposent d’un compte de mobile banking, contre 40% au Kenya.

Il faut dire que le pays a connu deux années difficiles sur le plan économique, ce qui a freiné le développement du mobile banking. De plus, le géant d’Afrique de l’Ouest est le pays africain le plus touché par les arnaques par internet, ce qui n’incite pas les utilisateurs à faire confiance aux sites d'achats en ligne ou à l’usage de la carte bancaire à distance.

Cependant, des start-ups nigérianes sont en train de se développer pour pallier ces freins et inciter les Nigerians à utiliser les nouveaux modes de paiement. C’est le cas de Paystack qui a réussi à lever 1 million dollars grâce à des partenaires chinois et américains, en l’occurrence Tencent et Comcast. Paystack profite notamment de son soutien d’un incubateur de la Silicone Valley qui lui a permis dès ses débuts, il y a deux ans, d’avoir la confiance de transporteurs pour l’achat de billets d’avion, mais aussi de compagnies d’assurances.

Une autre start-up, Fluterwave, connaît la même trajectoire de développement, avec une histoire similaire et vient de lever 2 millions de dollars, tout en poursuivant sa croissance à la Silicone Valley.

Aujourd’hui, les paris en ligne sont estimés à près de 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires par an, comme le reflètent les impôts prélevés sur cette activité. Les recettes fiscales sont en hausse de 30 à 40% entre 2016 et 2017, à la faveur des paiements en ligne qui ont plus que doublé sur la période. Néanmoins, ces chiffres cachent de grandes disparités, car encore 98% des transactions monétaires sont effectuées en espèces. De plus, parmi les 40% de Nigérians bancarisés, peu franchissent le pas en utilisant leur carte bancaire.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 26/06/2018 à 20h16, mis à jour le 27/06/2018 à 08h52