Cameroun: la méthode CEROQ pour réhabiliter les routes rurales

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Le 20/08/2018 à 11h25, mis à jour le 20/08/2018 à 11h33

Le Projet d’investissement et de développement des marchés agricoles, initiative du gouvernement camerounais et de la Banque mondiale, a lancé un programme de réhabilitation de 190 km de routes rurales suivant la méthode CEROQ. Objectif: connecter les bassins de production agricole aux marchés.

Le Cameroun va réhabiliter 190 km de routes rurales dans le pays afin de connecter les bassins de production agricole aux marchés. Lancé dans le cadre du Projet d’investissement et de développement des marchés agricoles (PIDMA), cette initiative conjointe du gouvernement camerounais et de la Banque mondiale (BM) vise à améliorer la production du maïs, du manioc et du sorgho pour répondre aux besoins des agro-business.

Les travaux seront réalisés dans cinq régions (Centre, Sud, Littoral, Ouest et Nord-Ouest), suivant le principe du «Contrats d’entretien et de réhabilitation des routes par objectifs qualifiés» (CEROQ), une méthode présentée comme «moins coûteuse» et «opportune» pour le pays.

Le ton a été donné le 15 février 2018 avec le début des travaux de bitumage du tronçon Evodoula-Mbebe-Ndom (89 km) qui relie les régions du Centre et du Littoral, véritable chemin de croix pour les agriculteurs notamment.

Avec la réhabilitation en cours, moins de deux heures suffiront désormais pour rallier Ndom à partir de Yaoundé, au lieu des quatre heures qu’il fallait par le passé pour couvrir ce trajet. «La méthode CEROQ est capitale pour le pays parce qu’elle va permettre la concrétisation du démarrage de l’agriculture de seconde génération. On s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de produits qui pourrissaient et qu’il n’y avait pas un bon désenclavement dans les bassins de production. Elle va donc permettre à ce que les coopératives puissent livrer facilement les produits aux agro-business», indique le coordonnateur national du PIDMA, Thomas Ngué Bissa.

Concrètement, la méthode CEROQ consiste à se départir de la méthode de réhabilitation traditionnelle qui nécessite notamment des budgets très élevés, au profit d’une approche adaptée aux besoins des usagers de la route. «Par exemple, si le ministère de l’Agriculture dit que pour évacuer les produits de Nguélémedouka (Est) à Yaoundé (Centre), il n’a besoin que de motos, l’ingénieur est capable de concevoir une route pour motos. Donc, la valeur ajoutée de cette approche est que le ministère fixe son objectif et son budget, et l’ingénieur qualifié lui permet d’atteindre son objectif», explique Peter Taniform, spécialiste principal en transport à la Banque Moniale et concepteur de la méthode CEROQ.

Déjà expérimentée dans d'autres pays africains comme le Tchad et la République centrafricaine (RCA), cette méthode a aussi été utilisée dans certains projets agricoles au Cameroun, avec cependant des «résultats mitigés».

Mais l’on assure que les «leçons ont été tirées» de cette expérience. Il est aujourd’hui question de capitaliser la phase pilote de mise en œuvre de la méthode CEROQ dans le cadre du projet en cours afin «de répliquer les résultats obtenus pour la suite des travaux», indiquent les responsables du PIDMA. D’où l’atelier national d’imprégnation et de sensibilisation organisé du 6 au 8 août 2018 dans la ville de Mbalmayo (Centre) en faveur des acteurs impliqués dans la réhabilitation des routes rurales au Cameroun. Cet atelier national avait également pour but l’élaboration d’un cahier de charges et d’un manuel d’exécution de la méthode CEROQ.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 20/08/2018 à 11h25, mis à jour le 20/08/2018 à 11h33