Des routes en béton en lieu et place du bitume? Une curiosité pour nombre d’Ivoiriens qui jusque-là n’ont connu que des routes revêtues d’asphalte. Cette «petite révolution» est portée par le cimentier LafargeHolcim Côte d’Ivoire, filiale de LafargeHolcim Maroc, avec l’APCCI (l’Association des producteurs de ciments de Côte d’Ivoire, qui regroupe les industriels du secteur), qui revendique une longue expérience dans une soixantaine de pays à travers le monde où la technique est mise en œuvre.
Pour le cimentier marocain, le béton est une bonne alternative au bitume, tant en terme de coût que de durabilité. Selon Nouffou Tapsoba, expert du Centre de recherche du groupe basé à Lyon, dépêché en Côte d’Ivoire, «la solution du bitume offre plus davantage en terme de durabilité à des coûts compétitifs». Il explique qu’«en moyenne, une route en béton dure 30 ans, contre 15 ans pour une route en bitume».
LafargeHolcim Maroc vient de prendre le contrôle de deux cimenteries en Afrique subsaharienne
En outre, plusieurs pays développés utilisent ce procédé. C’est le cas notamment des États-Unis où 60% des voies revêtues sont en béton et de l’Allemagne dont au moins la moitié du réseau a été construit avec cette technique.
Cette technique utilisée dans ces pays depuis plus de 30 ans l’est également sur le continent africain. «Au Ghana, l’autoroute qui relie la capitale Accra à l’aéroport, faite de béton, est restée intacte depuis 40 ans. Nous avons les mêmes résultats en Afrique du Sud qui détient le plus important réseau routier en béton du continent», avance-t-il.
En terme de coût, si le bitume peu s’avérer plus intéressant que l’asphalte en deçà de 300 dollars la tonne, c’est tout le contraire pour la route en béton qui coûte «jusqu’à 22% moins cher dès que le prix de l’asphalte passe la barre de 600 dollars la tonne», explique l’expert.
Côte d’Ivoire: 6.500 km de routes à bitumer d’ici 2020
La Côte d’Ivoire qui compte le plus important réseau routier de la zone UEMOA –Union économique et monétaire ouest africaine-, est pour sa part confronté à un niveau de dégradation rapide et avancé de ses routes. Et l’offre proposée ne laisse pas indifférent même si officiellement aucune option n’a été prise dans ce sens, souligne t-on du côté de l’entreprise.
En août dernier, le gouvernement ivoirien avait annoncé un plan d’investissement de 3.750 milliards FCFA, soit 5,73 milliards d’euros, destiné à revitaliser son réseau routier. Et en cas d’accord, c’est l’ensemble de la filière ciment qui pourrait connaître à nouveau une période de «surchauffe» dans un secteur à l’équilibre précaire vu les importants chantiers en cours dans le pays.
Sur cette question, on reste confiant. «La production ivoirienne de ciment est passée de 2,99 millions de tonnes en 2015 à 4,19 millions en 2016, et nous envisageons un niveau de 6,3 millions de tonnes courant 2017», rassure Khalifa Khayat, président de l’APCCI.