Cameroun: le Gabon et l'Indonésie vont fournir 100.000 tonnes d'huile de palme aux raffineurs

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Le 18/10/2018 à 10h30, mis à jour le 18/10/2018 à 10h31

Cette importation massive, autorisée par le gouvernement camerounais, vise notamment à combler le déficit de production dans la filière huile de palme locale, plombée entre autres par la crise anglophone qui sévit depuis fin 2016 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Au terme d'une session de son conseil tenue ce début de mois, le Comité de régulation de la filière des oléagineux a confirmé l'importation de 100.000 tonnes d'huile de palme brute.

Une cargaison destinée à servir de matière première aux sociétés de raffinage locales qui ont consenti d'énormes investissements dans leur outil de production, de l'ordre de 30 milliards de francs CFA. Il s'agit de faire face à la pénurie d'huile de palme notée dans le secteur, avec un déficit d'environ 130.000 tonnes actuellement selon les raffineurs locaux. L'année précédente, ce sont 96.000 tonnes d'huile de palme qui avaient été importées pour combler ce gap.

La filière est durement frappée par le fait que le principal producteur, la Société camerounaise de palmeraies (SOCAPALM), n'arrive pas à répondre à la demande nationale. Par ailleurs, la crise anglophone qui sévit dans les régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest impacte durement sur deux autres poids lourds du secteur, la Cameroon Development Corporation (CDC), deuxième employeur national après l'Etat, et Pamol. Selon le patronat camerounais, la production dans ces deux régions (près de 126.000 tonnes: 25.000 pour le Nord-Ouest et 101.000 pour le Sud-Ouest) représente environ la moitié de la production nationale, estimée à 254.000 tonnes.

Selon un rapport du Groupement interpatronal du Cameroun (GICAM) sur l'impact de la crise anglophone sur l'économie camerounaise, on enregistre par exemple plus de 1 milliard de francs CFA de biens détruits pour CDC et 12 milliards de francs CFA de manque à gagner. Les plantations, notamment d’huile de palme, ont fait l’objet de pillages et de vol de récoltes. "Les pépinières ont été pillées tandis que d’autres sont à l’abandon, remettant en cause la survie des jeunes pousses ainsi privés de l’entretien dont ils ont besoin. D’importantes quantités d’huile de palme ont été abandonnées dans les réservoirs dans l’impossibilité de les acheminer vers les usines en raison de l’insécurité sur les routes», indique notamment ce rapport.

Les importations proviendront de deux pays : le Gabon et l'Indonésie. Pour le premier pays cité, limitrophe du Cameroun, il s'agit d'une bonne nouvelle pour cette filière pour laquelle Libreville veut s'ériger en figure de proue dans la sous-région.

«L'importation sera assurée par le groupe singapourien Olam à travers sa filière Olam Palm. Présentée comme le "nouveau pétrole", la nouvelle filière a connu une importante hausse avec une production de 63.400 tonnesen 2017», indique le site Internet gabonais Gabonews.com.

La seconde cargaison de l'importation sera gérée par des traders indonésiens, selon le Comité de régulation de la filière des oléagineux. Pour l'Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (ASROC), il s'agit d'une bonne nouvelle. A elle seule, l'ASROC concentre 95% de la production des huiles végétales raffinées et 90% des savons de ménage disponibles sur le marché camerounais.

Par Tricia Bell (Yaounde, correspondance)
Le 18/10/2018 à 10h30, mis à jour le 18/10/2018 à 10h31