Egypte: une économie tiraillée entre une croissance forte et un endettement inquiétant

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Le 21/03/2019 à 07h16, mis à jour le 21/03/2019 à 07h28

L’économie égyptienne devrait confirmer sa reprise en affichant une forte croissance en 2019 et en 2020. Parallèlement, le gouvernement souhaite réduire le niveau du déficit budgétaire, qui est encore élevé. Le taux d'endettement du pays, l'un des plus élevé du continent, reste inquiétant.

L’économie égyptienne se porte de mieux en mieux. D’ailleurs, au titre de l’exercice 2019-2020, l’économie égyptienne devrait afficher l’un des plus forts taux de croissance du continent.

Selon le Mohamed Ma’it, ministre égyptien des Finances, le pays table sur un taux de croissance de l’ordre de 6,1% en 2019-2020. Un niveau de croissance largement supérieur à ceux que devront réaliser les pays de la région Afrique du Nord et Moyen Orient (MENA).

Une prévision largement supérieure aux projections du FMI et des agences de notations à l'instar de Moody’s, qui tablent sur des taux de croissance compris entre 5 et 5,5% en 2019 et 2020.

L’Egypte retrouve donc petit à petit ses taux de croissance forts des années 2005-2008, de l’ordre de 7% en moyenne annuelle, grâce à des réformes entreprises au cours de ces dernières années, dont la flottaison de la livre égytienne, qui a rendu la destination égyptienne attractive pour les investisseurs étrangers et les touristes, mais aussi des découvertes importantes de gisements de gaz, qui ont réduit la facture des importations, et, de fait, augmenté les recettes d’exportation.

Autre facteur, et non des moindres, qui a rendu l'économie égyptienne plus dynamique: la réduction des subventions étatiques, qui a permis à l’Etat de dégager des marges budgétaires pour financer les investissements publics. 

Pour maintenir cette dynamique de croissance, des initiatives fiscales ont été adoptées dans le but d’alléger le fardeau fiscal des entreprises.

De même, les grands projets d’infrastructures, dont les constructions de nouvelles villes et la mise en place de grandes zones franches industrielles, devraient aussi porter la croissance égyptienne dans les années à venir.

Parallèlement, le gouvernement poursuit sa politique de réduction du déficit budgétaire, dont le niveau reste élevé, malgré les hausses de certains taxes et impôts et la réduction des subventions étatiques.

Le gouvernement égyptien souhaite en effet ramener ce déficit à hauteur de 7% au cours de l'exercice 2019-2020.

Par ailleurs, la dynamique de croissance et les réformes entreprises au cours de ces dernières années, notamment la décision de la Banque centrale de laisser la livre égyptienne flotter en 2016, ont permis de réduire les pénuries en devises et ont également permis d’augmenter les réserves de change.

Celles-ci sont ainsi passées de 19 milliards de dollars avant novembre 2016, à plus de 45 milliards de dollars à fin juin 2018.

Par ailleurs, grâce à cette dynamique de croissance, le gouvernement égyptien compte dégager un excédent primaire représentant l’équivalent de 2% du PIB.

Toutefois, cette dynamique de croissance a été soutenue et portée par une politique d’endettement qui commence à inquiéter les dirigeants et les bailleurs de fonds étrangers.

Le taux d’endettement du pays est l’un des plus élevé du continent –la dette extérieure de l’Egypte s’élevait à 92,64 milliards de dollars à fin 2018, après avoir atteint 108% du PIB à fin 2017.

Face à ce niveau d’endettement qui risque d’hypothéquer la croissance future du pays, le gouvernement s’est engagé sur un processus de réduction de celle-ci, et table aujourd'hui sur un taux d’endettement de 80% du PIB à l’horizon 2022.

Par Moussa Diop
Le 21/03/2019 à 07h16, mis à jour le 21/03/2019 à 07h28