Egypte: Moody’s table sur une croissance forte de 5,8% en 2020

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Le 01/10/2019 à 15h03, mis à jour le 02/10/2019 à 21h56

Les agences de notation et les institutions financières sont confiantes quant aux perspectives de croissance de l’économie égyptienne. C’est le cas de Moody’s, qui table sur une croissance forte de 5,8% en 2020. Toutefois, cette dynamique est loin de profiter à tous les Egyptiens. Explications.

L’économie égyptienne se porte bien, si l’on en juge pas la dynamique de croissance de son Produit intérieur brut (PIB) et de l’évolution de certains indicateurs macro-économiques du pays.

Ainsi, selon l’agence de notation Moody’s, après une estimation de 5,6% de croissance pour 2019, l’Egypte devrait afficher une croissance de l’ordre de 5,8% en 2020, soit la plus forte croissance des pays de la zone Afrique du Nord & Moyen-Orient.

Cette nouvelle prévision de croissance est justifiée par l’impact de certaines mesures prises par la Banque centrale égyptienne (CBE) dont la baisse des taux des dépôts à vue, le taux du prêt au jour le jour, et le taux de l’opération principale de refinancement (taux directeur) de 100 points de base, dans le but d’encourager l’investissement.

Ces mesures, combinées à la baisse du niveau de l’inflation à 6,7% en août dernier, devraient stimuler la demande de crédit bancaire, accroître les dépenses en capital et contribuer à accroître consommation intérieure, un des moteurs de la croissance du PIB pour un pays de presque 100 millions d’habitants.

En plus de ces facteurs, la dynamique de croissance de l’économie égyptienne est tirée par l’impact des découvertes de gaz au cours de ces dernières années, avec des volumes de production en hausse continue, la reprise du secteur touristique après des années de crises consécutives aux effets des Printemps arabes et de la révolution égyptienne, le retour à une certaine sécurité des personnes et des biens.

Il y a aussi l'impact des politiques des grands travaux initiés par le président Abdel Fattah Al-Sissi: nouvelles villes, infrastructures de base –ponts, routes, centrales électriques, etc.-, mais aussi l'impulsion d'une nouvelle dynamique des investissements directs étrangers grâce à une meilleure attractivité du pays consécutive à la dévaluation de la livre égyptienne, ainsi que la mise en place de zones franches avec des régimes attractifs.

Toutefois, les fruits de cette croissance soutenue enregistrée au cours de ces dernières années tardent à se faire sentir auprès d’une catégorie importante de la population égyptienne.

Le nombre d'égyptiens qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté demeure en effet important, et constitue le défi majeur auquel les dirigeants du pays doivent faire face afin d’éviter des tensions sociales consécutives à la paupérisation inquiétante des oubliés de cette nouvelle dynamique économique.

Aujourd'hui, en effet, 33% de la population égyptienne vit sous le seuil de pauvreté, en survivant avec moins de 2 dollars par jour, contre 28% il y a 3 ans.

Il est donc indéniable que la population s'est appauvrie au cours de ces dernières années. 

De plus, le pays doit également gérer un colossal service de la dette, consécutif à un endettement soutenu au cours de ces dernières années auprès des institutions financières internationales (telles le FMI, la BAD, etc.), ainsi que sur le marché international des capitaux. 

A fin 2018, la dette publique égyptienne s'établissait à 339 milliards de dollars, dont 96,61 milliards de dollars au seul titre de la dette extérieure. 

Par Moussa Diop
Le 01/10/2019 à 15h03, mis à jour le 02/10/2019 à 21h56