Depuis le 7 mai 2020, les masques de protection stérilisés en tissu produits dans le cadre de la riposte à la pandémie de coronavirus (Covid-19) par la Cotonnière industrielle du Cameroun (CICAM), principal fabricant de textile dans le pays, sont disponibles dans les différents points de vente de cette société à capitaux publics.
Ceux-ci sont commercialisés au prix de 1.300 francs CFA l’unité, un coût qui fait polémique.
Beaucoup dans l’opinion estiment en effet que ce prix est hors de la portée de la plupart des Camerounais.
Surtout qu’à côté, des artisans locaux vendent des masques équivalents entre 200 et 500 francs CFA pièce.
Ce prix «s’apparente à une surenchère et ne tend qu’à compromettre les actions du gouvernement en matière de lutte contre la vie chère prônée par le chef de l’Etat.
Lire aussi : Cameroun: les «bonnes affaires» du coronavirus
En effet, cette pratique commerciale abusive et antipatriotique de la part de CICAM désoriente les mesures d’accompagnement du gouvernement dans cette crise sanitaire que traverse le Cameroun», dénonce la Chambre nationale des consommateurs du Cameroun (CNACOC) dans un communiqué, publié le 14 mai dernier et signé de son président, Calvin Nya.
Celui-ci propose que ces masques soient vendus au prix de 500 francs CFA l’unité, à défaut d’être distribués gratuitement à la population.
Pour le directeur général de la CICAM, Edouard Ebah Abada, cette polémique est «totalement injustifiée».
Lors d’un point de presse le 12 mai dernier à Douala, la métropole économique, Edouard Ebah Abada, a laissé entendre que ce prix se justifiait par le fait que l’entreprise n’a reçu aucune subvention du gouvernement pour la production d'équipements de protection contre le Covid-19.
Lire aussi : Cameroun. Coronavirus: le port obligatoire du masque, une opportunité pour la filière du textile, en difficultés
«Le traité Ohada interdit de vendre en dessous du prix de revient, sinon ce serait du dumping», a-t-il déclaré. Bien plus, dira-t-il, ceux-ci sont lavables 15 fois, ce qui revient à 86 francs CFA le masque.
Sans oublier qu’ils sont «fabriqués avec un tissu blanchi et stérilisé», suivant les normes édictées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Agence nationale des normes et qualité (ANOR).
A titre de rappel, le gouvernement a chargé les acteurs de l’interprofession coton-textile-confection du Cameroun (ICOTEC) regroupés autour de la CICAM de produire 15 millions de masques de protection sécurisés par mois, afin de répondre à la demande locale.
Lire aussi : Coronavirus: le Maroc opte pour la chloroquine et se lance dans la production de masques
Vendredi dernier, 15 mai 2020, le chef de l’Etat, Paul Biya, a prorogé pour 15 jours supplémentaires renouvelables «en cas de nécessité», les mesures en vigueur dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, dont le port du masque, obligatoire dans les lieux publics depuis le 13 avril dernier.